Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : ténèbres (12)(...) Je tente de marcher encore un peu, puis mes jambes se dérobent, fauchées par la fatigue et le sol s'ouvre devant moi. Lesténèbresm'engloutissent. Quelque part là-bas, j'entends Boeuf crier, sangloter, les implorations de Rude Automne. (...)
Je vois des nuages de poussière qui tourbillonnent, qui cachent les cieux et plongent la plaine dans lesténèbres, ils sont aspirés par des fleuves d'air invisibles qui filent dans ma direction, passent par-dessus ma tête en hurlant et qui me jettent au sol lorsque leurs souffles m'effleurent. (...)
Je me hisse désespérément. Peine perdue. La glace cède sous moi. Je tombe comme une pierre dans lesténèbres. Lesténèbresne durent pas. Je chute tête la première. Plus profond je tombe, plus la faille s'élargit, formant un véritable canyon souterrain. Je tends un bras pour tenter d'attraper une des parois, mais elles sont trop lointaines. (...)
La neige et la glace s'élève autour de moi, scintillante de l'éclat de mon pouvoir, puis me retombe dessus lourdement. Puis ce sont lesténèbreset le silence. Il faut que je m'entende respirer pour me rendre compte que je suis en vie. Je suis presque enterré vivant dans la glace qui se trouve sous la couche de neige. (...)
Je sens des côtes pareilles à celle d'un ours céder sous la puissance du coup et le monstre est projeté dans lesténèbresilluminées par la lumière émanant de moi. Il s'écrase contre un mur, vomit un sang blanc et retombe face contre terre. (...)
Lorsqu'il prononce ce mot, la salle s'illumine d'un soleil pâle, bleu... parcourant les lieux en une lente courbe majestueuse qui disparaît aussitôt dans lesténèbres. « Vois-tu, mon peuple n'est pas moins querelleur que le tien, continua-t-il, il l'est peut-être plus, au fond. (...)
Le vent devient un hurlement de douleur sans fin, haché, pour se transformer en rire tandis que les ombres multicolores consument lesténèbreset deviennent des titans de lumières autours de la minuscule ombre blanche de Lewellyn. « Ils m'ont ri au nez ! (...)
» Et l'ombre blanche de tomber dans un puits d'obscurité sans fin, mais de subsister, tâche informe microscopique au milieu desténèbres. Puis sa voix se fait douce et emplie d'ironie hargneuse. « Le plus drôle, c'est que les nôtres s'entretuèrent, chacun tentant d'obtenir une gloire infinie qu'ils auraient pu avoir ensemble, mais leurs esprits petits et médiocres étaient désormais empoisonnés de ce monde que nous avions tenté de détruire. (...)
Moi, ironiquement, je survécus uniquement parce que j'étais exilé, ici, loin du courroux de l'impératrice écarlate, et crois-moi, le maître du vent n'est qu'un médiocre reflet de la puissance de l'impératrice. » Le soleil bleu disparut. Retour desténèbres. - Et maintenant ? Sa gorge émit un son étrange, mélange de sanglot et de gloussement. - Maintenant. (...)
La silhouette blanche de Lewellyn se découpe dans la lumière bleue s'arrête un instant avant de franchir la porte. - Prends ton temps... Soleil Bleu. La porte se ferme, me laissant dans lesténèbres, seuls avec ma peur. Le domaine de Lewellyn chante. Parfois, le vent se lève et fait tinter la glace comme le carillon lointain d'un million de clochettes d'argent. (...)
En quelques enjambées, elle parvient de l'autre coté de la salle, et ouvre une porte de glace bleue, encadrée d'une arche de marbre qui donne sur vers lesténèbres. - Va-t-en ! dit-elle avec la voix de Mahe. Je regarde le plafond de canines. J'écoute cette part de moi qui ne veut pas écouter. (...)