La chute de Frendian
sur Les Ombres d'Esteren au format
Contient : château (9)(...) Lorsque j'arrivai au sommet, je découvris un petit lac de montagne en contre-bas, aux eaux d'un bleu limpide qui se teintaient du rouge du soleil couchant. La rive opposée était dominée par un promontoire rocheux au sommet duquel se dressait lechâteaude Frendian. Il était évident que le comté ne subissait guère d'attaques, car l'ouvrage était davantage conçu pour plaire à la vue que pour protéger. (...)
Le chemin que je suivais rejoignit en bordure du lac la route principale, celle que j'aurais dû prendre pour éviter mes déboires en forêt. De là, progressant entre les maisons du village, je me dirigeai vers lechâteau. Je fus très bien accueilli. Après tout, j'étais envoyé par le conseil royal d'Osta-Baille et un message avait annoncé ma venue. (...)
Ils n'avaient même pas l'air d'être sur le qui-vive en permanence. Je fus enfin reçu par la comtesse en personne sur l'une des terrasses duchâteau. Installé face à elle autour d'une table garnie de paniers de fruits frais, je pouvais voir l'étendue de son domaine. (...)
D'un geste, la comtesse envoya l'un de ses suivants dans l'arbre pour décrocher la tête, au grand dam du corbeau qui poussa des cris de colère aigus en voyant son repas lui échapper. Notre macabre cortège reprit la route duchâteau... Nous nagions dans une ambiance malsaine, mais certaines langues commencèrent à se délier. J'entendis autour de moi naître de folles rumeurs sur les monstres qui seraient entrés dans le cercle. (...)
Les couvertures dissimulaient l'état du défunt, mais l'odeur et le bruit des mouches ne pouvaient être couverts. Le corps fut transporté à l'intérieur duchâteaupar quatre hommes d'armes. La Comtesse les suivit. Je restai dans la cour, hébété, peu sûr de ce que je pouvais ou devais faire ; les images du cadavre horriblement mutilé ne cessaient de repasser dans ma tête sans que je parvienne à les chasser. (...)
Toujours à moitié couché sur le dos, je reculai en fixant le coffre, empli d'une terreur sans nom... La bête, le monstre... Elle ou il était entré dans ma chambre. Dans lechâteau. Mais c'était impossible, les gardes auraient dû l'apercevoir. Je devais être en train de rêver, de cauchemarder. (...)
Et la comtesse les verrait. Je devais me débarrasser de tout cela. Il ne faisait pas bon m'attarder dans unchâteaugrouillant d'hommes en armes, dont plus d'un était soupçonneux à mon égard depuis les accusations lancées par la comtesse. J'étais pourtant certain d'avoir passé la nuit auchâteau... Au nom des C'maoghs, qu'était-il arrivé ? Je quittai lechâteau, le village. Je courais, laissant les habitations derrière moi. Je dérobai le caernide d'un paysan peu attentif et guidai la monture dans la forêt, dans la direction opposée à celle où gisait le cadavre. (...)Je poussais ma monture au-delà de ses limites. En fait, elle les avait déjà dépassées depuis longtemps, et je craignais qu'elle ne me lâche à tout moment. Mon cheval était hors d'haleine, mais il fallait pourtant qu'il tienne le coup... Je devais atteindre au plus vite le comté de Frendian, et là je serais sauf. Penché sur l'encolure de ma monture pour éviter les branches basses de la forêt, je jetai un coup d'œil en arrière ; au travers de la brume et des frondaisons, je pus voir de nouveau ces trois ...