Wlad Sokolov – la mue du serpent
sur La Lune Rousse au format (89 Ko)
Possession : Le réveil fût douloureux. La tête me tournait, mon corps lourd s'enfonçait dans mon matelas. D'une main tremblante, je lançai mes doigts glacés dans le vide et l'obscurité à la recherche de ma lampe de chevet. La lumière me fulgura le crâne comme un éclair. Je clignai des yeux, attendant de retrouver mon environnement dans tout son sinistre habituel. Mais je ne vis rien. Partout, le flou, le vide, et un sentiment de perdition glacée. Lentement, je pu voir, mais comme si je voyais ...Contient : corps (19)Wlad Sokolov - la mue du serpent Possession : Le réveil fût douloureux. La tête me tournait, moncorpslourd s'enfonçait dans mon matelas. D'une main tremblante, je lançai mes doigts glacés dans le vide et l'obscurité à la recherche de ma lampe de chevet. (...)
La pièce pourtant inondée de la lumière électrique de la lampe était si pleine de ténèbres qu'il m'était presque impossible de rien distinguer nettement. Cette sensation étrange était accompagnée par celle que moncorpss'alourdissait à chaque seconde, chacun de mes membres s'enfonçant d'avantage dans les plumes de mon matelas, ma tête d'abord, puis mes pieds et mes mains, mon tronc enfin, aussi raide qu'une souche, je ne pus bientôt plus effectuer le moindre mouvement. (...)
Il me fut soudain impossible de réfléchir calmement, comme si quelqu'un raisonnait à ma place, avec mon cerveau ; je m'affolai, mes pensées tournoyant dans ma tête, moncorpsagité de spasmes douloureux, haletant. J'avais mal, terriblement mal. Un ultime effort me permit de poser mes mains sur mon visage brûlant. (...)
J'avais tué des inconnus dans le flou de mon monde onirique, et à présent une voix me parlait. Si moncorpsne pouvait se lever, c'est que je dormais toujours. Je fermai les yeux. J'essayai de me réveiller. (...)
Je dois être en forme. Demain matin, j'aurais du travail. Je rouvris les yeux en crispant tous mes muscles. Moncorpsne me répondit pas. NE BOUGE PAS ! Le hurlement vibra longuement dans mes entrailles, terminant sa course dans le fond de mon pénis. (...)
Non seulement la créature avait cessé de me torturer, mais elle m'aidait à présent dans le moindre de mes mouvements, conjuguant ses efforts aux miens pour mouvoir cecorpsque nous partagions. Un poids persistait sur mes épaules, mais le reste de mon être me parut plus léger, comme si une force invisible me prenait par les épaules et me poussait vers la porte. (...)
J'éprouvai cette même sensation de chute dans un abîme de plaisirs sensuels que lorsque je remettais moncorpsentre les mains d'une prostituée me murmurant doucement à l'oreille « Laisse-toi faire... ». La force qui me faisait avancer se concentra soudain en une vigoureuse impulsion qui me projeta dans la minuscule salle d'eau où je titubai en aveugle et, au moment où la porte se referma en un claquement violent derrière moi, j'entrevis l'image de mon visage blafard que me renvoyait le miroir surplombant le petit lavabo en faïence. (...)
Je ne te permettrais plus le moindre mouvement sans t'avoir accordé auparavant mon autorisation. Maintenant sors de là, jette tes habits et va en mettre d'autre. Sans n'être plus maître de moncorps, je me vis mettre mes habits dans un sac plastique, ainsi que ma literie et quelques ustensiles, et je me vis m'habiller de vêtements que je ne portais plus depuis des années, mais rien de tout cela n'était le fruit de ma volonté pleine et entière. (...)
Elle s'amusait de voir lentement ma raison se perdre, se dissoudre avec ma conscience dans les affres schizophrènes de celui dont lecorpsne répond plus, mais a sa volonté propre. Elle rit de mon ignorance. Puis elle m'allongea sur le lit. (...)
Je suis un meurtrier, c'est bien cela ? Une douleur atroce qui me traversa les organes génitaux me fit hurler comme un possédé, lecorpsagité de spasmes épileptiques. Une question à la fois. - Qui êtes-vous ? Je ne parlais plus à voix haute. (...)
Mes côtes s'écartaient doucement, prêtes à rompre en un horrible craquement ; mes os étaient sur le point de se briser tant la moelle qu'ils contenaient s'amplifiait ; ma boîte crânienne résonnait comme un tambour. J'étais exténué de douleur. - Etes-vous là depuis ma naissance ? Moncorpss'arc-bouta par saccades, du sang perla au bout de mes ongles. La créature riait avec une force haineuse. (...)
Je ne comprenais plus. La folie m'avait paru encore plausible. Nous en étions loin. La créature ne contrôlait pas que moncorps. Elle contrôlait la plupart de mes pensées et de mes désirs. Un goût immodéré pour le sexe et le sang grondait au fond de ma gorge. Je voulais me réveiller au milieu descorpssanglants, encore et encore. Je pleurai de douleur. La peur me contracta l'estomac, qui se dilata aussitôt. (...)
Dis-toi simplement que tu ne t'appartiens plus, et je te laisserais toutes les libertés dont tu as besoin. Le reste du temps, c'est moi qui prendrais les rennes. J'entrepris de me mouvoir, mais moncorpsétait aussi lourd qu'un sac de plomb. Je t'autoriserais à bouger quand tu m'auras prouver que tu as compris. Je tentai avec difficulté d'articuler mes pensées : - Moncorpsest à moi. Je ne suis pas un meurtrier ! Je suis juste un peu malade. Soudain tout devint noir. Le monde se mit à tanguer violemment. Tout moncorpsne fût plus qu'une boule d'épingles. Des décharges électriques traversèrent mes chairs, mes membres s'agitèrent, je poussai des hurlement de dément. (...)
Je pourrais te tuer dès maintenant. Tu n'es pas loin de la mort. Choisis-tu de mettre fin à tes jours aujourd'hui ? Toncorpssera entièrement à moi. - Assez... Comment? Je n'ai pas bien entendu. - ASSEZ ! ! ! Tout s'arrêta. Il me sembla que mon esprit réintégrait moncorps. Des gouttelettes de sang suintaient de chacune de mes pores. Voilà qui est mieux. Nous allons faire un essai. (...)
La fumée d'un feu follet s'élevait au-dessus de ma tête, flottant autour de moi sous la forme d'un nuage bleu pâle que je dissipai d'un mouvement affolé de ma main tremblante. Lecorpsd'un homme entièrement nu gisait à mes pieds, à moitié enterré dans la terre meuble. Le cadavre d'un esclave d'immortel. (...)