Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : idée (18)(...) Or, j'en étais là de mon rêve, quand mon oncle, frappant la table du poing, me ramena violemment à la réalité. « Voyons, dit-il, la premièreidéequi doit se présenter à l'esprit pour brouiller les lettres d'une phrase, c'est, il me semble, d'écrire les mots verticalement au lieu de les tracer horizontalement. (...)
La vieille servante, sérieusement alarmée, retourna dans sa cuisine en gémissant. Quand je fus seul, l'idéeme vint d'aller tout conter à Graüben. Mais comment quitter la maison ? Le professeur pouvait rentrer d'un instant à l'autre. (...)
» J'étais dans une surexcitation difficile à peindre. « Non ! non ! ce ne sera pas, dis-je avec énergie, et, puisque je peux empêcher qu'une pareilleidéevienne à l'esprit de mon tyran, je le ferai. A tourner et à retourner ce document, il pourrait par hasard en découvrir la clef ! (...)
Malgré les reproches que je croyais être en droit de lui faire, une certaine émotion me gagnait. Le pauvre homme était tellement possédé de sonidée, qu'il oubliait de se mettre en colère ; toutes ses forces vives se concentraient sur un seul point, et, comme elles ne s'échappaient pas par leur exutoire ordinaire, on pouvait craindre que leur tension ne le fît éclater d'un instant à l'autre. (...)
- Cela est certain, répondit triomphalement mon oncle ; mais silence, entends-tu ! silence sur tout ceci, et que personne n'aitidéede découvrir avant nous le centre de la terre. » VII Ainsi se termina cette mémorable séance. Cet entretien me donna la fièvre. (...)
Si j'avais pu tenter de résister au professeur Lidenbrock, c'était à Hambourg et non au pied du Sneffels. Uneidée, entre toutes, me tracassait fort,idéeeffrayante et faite pour ébranler des nerfs moins sensibles que les miens. « Voyons, me disais-je, nous allons gravir le Sneffels. (...)
Hans acceptait si tranquillement l'aventure, avec une telle indifférence, une si parfaite insouciance de tout danger, que je rougis à l'idéed'être moins brave que lui. Seul, j'aurais entamé la série des grands arguments ; mais, en présence du guide, je me tus ; un de mes souvenirs s'envola vers ma jolie Virlandaise, et je m'approchai de la cheminée centrale. (...)
Je me laissai couler, pour ainsi dire, serrant frénétiquement la double corde d'une main, de l'autre m'arc-boutant au moyen de mon bâton ferré. Uneidéeunique me dominait : je craignais que le point d'appui ne vint à manquer. Cette corde me paraissait bien fragile pour supporter le poids de trois personnes. (...)
D'ailleurs, la route ascendante devenait plus pénible, je m'en consolais en songeant qu'elle me rapprochait de la surface de la terre. C'était un espoir. Chaque pas le confirmait, et je me réjouissais à cetteidéede revoir ma petite Graüben. A midi un changement d'aspect se produisit dans les parois de la galerie. (...)
- Cela n'est pas douteux, répliqua mon oncle, il y a là mille atmosphères de pression, si cette colonne d'eau a trente-deux mille pieds de hauteur. Mais il me vient uneidée. - Laquelle ? - Pourquoi nous entêter à boucher cette ouverture ? - Mais, parce que... » J'aurais été embarrassé de trouver une bonne raison. (...)
Et cependant, que les plaines et les montagnes de l'Islande fussent suspendues sur notre tête, ou les flots de l'Atlantique, cela différait peu, en somme, du moment que la charpente granitique était solide. Du reste, je m'habituai promptement à cetteidée, car le couloir, tantôt droit, tantôt sinueux, capricieux dans ses pentes comme dans ses détours, mais toujours courant au sud-est, et toujours s'enfonçant davantage, nous conduisit rapidement à de grandes profondeurs. (...)
combien je regrettai de n'être pas mort « et que ce fût encore à faire ! » Je ne voulais plus penser. Je chassai touteidéeet, vaincu par la douleur, je me roulai près de la paroi opposée. Déjà je sentais l'évanouissement me reprendre, et, avec lui, l'anéantissement suprême, quand un bruit violent vint frapper mon oreille. (...)
Mais, si des animaux antédiluviens ont vécu dans ces régions souterraines, qui nous dit que l'un de ces monstres n'erre pas encore au milieu de ces forêts sombres ou derrière ces rocs escarpés ? » A cetteidéej'interrogeai, non sans effroi, les divers points de l'horizon ; mais aucun être vivant n'apparaissait sur ces rivages déserts. (...)
9 Mers de la période secondaire qui ont formé les terrains dont se composent les montagnes du Jura. « Au diable, dis-je en moi-même, cetteidéequ'il a eue de sonder ! Il a troublé quelque animal marin dans sa retraite, et si nous ne sommes pas attaqués en route ! (...)
Quant au radeau, je vais recommander à Hans de le réparer de son mieux, quoiqu'il ne doive plus nous servir, j'imagine ! - Comment cela ? m'écriai-je. - Uneidéeà moi, mon garçon ! Je crois que nous ne sortirons pas par où nous sommes entrés. » Je regardai le professeur avec une certaine défiance. (...)
J'avais le sentiment d'une catastrophe prochaine, et telle que la plus audacieuse imagination n'aurait pu la concevoir. Uneidée, d'abord vague, incertaine, se changeait en certitude dans mon esprit. Je la repoussai, mais elle revint avec obstination. (...)
Ce phénomène ne m'aurait donc pas autrement effrayé, ou du moins il n'eût pas fait naître dans mon esprit uneidéeterrible. Mais d'autres faits, certains détails sui generis, ne purent me tromper plus longtemps. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...