Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : rêve (9), rêvé(...) On arrivait ainsi jusqu'au bord de l'Elbe, et, après avoir dit bonsoir aux cygnes qui nagent parmi les grands nénuphars blancs, nous revenions au quai par la barque à vapeur. Or, j'en étais là de monrêve, quand mon oncle, frappant la table du poing, me ramena violemment à la réalité. « Voyons, dit-il, la première idée qui doit se présenter à l'esprit pour brouiller les lettres d'une phrase, c'est, il me semble, d'écrire les mots verticalement au lieu de les tracer horizontalement. (...)
Ce n'est pas une proposition sérieuse à faire à un garçon sensé. Rien de tout cela n'existe. J'ai mal dormi, j'ai fait un mauvaisrêve. » Cependant j'avais suivi les bords de l'Elbe et tourné la ville. Après avoir remonté le port, j'étais arrivé à la route d'Altona. (...)
J'observe l'espace, mais les airs sont inhabités comme les rivages. Cependant mon imagination m'emporte dans les merveilleuses hypothèses de la paléontologie. Jerêvetout éveillé. Je crois voir à la surface des eaux ces énormes Chersites, ces tortues antédiluviennes, semblables à des îlots flottants. (...)
Je me reporte aux époques bibliques de la création, bien avant la naissance de l'homme, lorsque la terre incomplète ne pouvait lui suffire encore. Monrêvealors devance l'apparition des êtres animés. Les mammifères disparaissent, puis les oiseaux, puis les reptiles de l'époque secondaire, et enfin les poissons, les crustacés, les mollusques, les articulés. (...)
Mon corps se subtilise, se sublime à son tour et se mélange comme un atome impondérable à ces immenses vapeurs qui tracent dans l'infini leur orbite enflammée ! Quelrêve! Où m'emporte-t-il ? Ma main fiévreuse en jette sur le papier les étranges détails. J'ai tout oublié, et le professeur, et le guide, et le radeau ! (...)
» En même temps, je me sens saisir vigoureusement par la main de Hans. Sans lui, sous l'empire de monrêve, je me précipitais dans les flots. « Est-ce qu'il devient fou ? s'écrie le professeur. - Qu'y a-t-il ? (...)
Nulle terre n'est en vue. L'horizon paraît excessivement reculé. J'ai la tête encore alourdie par la violence de monrêve. Mon oncle n'a pasrêvé, lui, mais il est de mauvaise humeur. Il parcourt tous les points de l'espace avec sa lunette et se croise les bras d'un air dépité. Je remarque que le professeur Lidenbrock tend à redevenir l'homme impatient du passé, et je consigne le fait sur mon journal. (...)
Est-ce un monstre des espèces perdues qui s'agite sous la couche profonde des eaux, plus vorace que le squale, plus redoutable que la baleine ! Je ne puis détacher mes regards de cette barre à demi rongée ! Monrêvede la nuit dernière va-t-il devenir une réalité ? Ces pensées m'agitent pendant tout le jour, et mon imagination se calme à peine dans un sommeil de quelques heures. (...)
Les branches craquaient, et les feuilles arrachées par masses considérables s'engouffraient dans la vaste gueule de ces monstres. Cerêve, où j'avais vu renaître tout ce monde des temps antéhistoriques, des époques ternaire et quaternaire, se réalisait donc enfin ! (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...