Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : vie (16)(...) C'est une imagination volcanique, et, pour faire ce que d'autres géologues n'ont point fait, il risquerait savie. Je me tairai ; je garderai ce secret dont le hasard m'a rendu maître ! Le découvrir, ce serait tuer le professeur Lidenbrock ! (...)
Je tombais au fond d'insondables précipices avec cette vitesse croissante des corps abandonnés dans l'espace. Mavien'était plus qu'une chute interminable. Je me réveillai à cinq heures, brisé de fatigue et d'émotion. (...)
Mes regards éblouis se baignaient dans la transparente irradiation des rayons solaires, j'oubliais qui j'étais, où j'étais, pour vivre de laviedes elfes ou des sylphes, imaginaires habitants de la mythologie scandinave ; je m'enivrais de la volupté des hauteurs, sans songer aux abîmes dans lesquels ma destinée allait me plonger avant peu. (...)
Les mers dévoniennes étaient habitées par un grand nombre d'animaux de cette espèce, et elles les déposèrent par milliers sur les roches de nouvelle formation. Il devenait évident que nous remontions l'échelle de lavieanimale dont l'homme occupe le sommet. Mais le professeur Lidenbrock ne paraissait pas y prendre garde. (...)
En dépit des théories du professeur Lidenbrock, un feu violent couvait dans les entrailles du sphéroïde ; son action se faisait sentir jusqu'aux dernières couches de l'écorce terrestre ; les plantes, privées des bienfaisantes effluves du soleil, ne donnaient ni fleurs ni parfums, mais leurs racines puisaient unevieforte dans les terrains brûlants des premiers jours. Il y avait peu d'arbres, des plantes herbacées seulement, d'immenses gazons, des fougères, des lycopodes, des sigillaires, des astérophylites, familles rares dont les espèces se comptaient alors par milliers. (...)
jouissance infinie ! une gorgée d'eau vint humecter ma bouche en feu, une seule, mais elle suffit à rappeler en moi laviequi s'échappait. Je remerciai mon oncle en joignant les mains. « Oui, fit-il, une gorgée d'eau ! (...)
L'Islandais remua doucement la tête, et désignant tranquillement mon oncle : « Master, fit-il. - Le maître, m'écriai-je ! insensé ! non, il n'est pas le maître de tavie! il faut fuir ! il faut l'entraîner ! m'entends-tu ! me comprends-tu ? » J'avais saisi Hans par le bras. (...)
D'où venait-elle ? Peu importait. C'était de l'eau, et, quoique chaude encore, elle ramenait au coeur lavieprête à s'échapper. Je buvais sans m'arrêter, sans goûter même. Ce ne fut qu'après une minute de délectation que je m'écriai : « Mais c'est de l'eau ferrugineuse ! (...)
Après plusieurs heures, sans doute à bout de forces, je tombai comme une masse inerte le long de la paroi, et je perdis tout sentiment d'existence ! XXVIII Quand je revins à lavie, mon visage était mouillé, mais mouillé de larmes. Combien dura cet état d'insensibilité, je ne saurais le dire. (...)
- Je ne comprends pas la présence de pareils quadrupèdes dans cette caverne de granit. - Pourquoi ? - Parce que lavieanimale n'a existé sur la terre qu'aux périodes secondaires, lorsque le terrain sédimentaire a été formé par les alluvions, et a remplacé les roches incandescentes de l'époque primitive. (...)
Les mammifères disparaissent, puis les oiseaux, puis les reptiles de l'époque secondaire, et enfin les poissons, les crustacés, les mollusques, les articulés. Les zoophytes de la période de transition retournent au néant à leur tour. Toute laviede la terre se résume en moi, et mon coeur est seul à battre dans ce monde dépeuplé. Il n'y plus de saisons ; il n'y a plus de climats ; la chaleur propre du globe s'accroît sans cesse et neutralise celle de l'astre radieux. (...)
Cet homme, d'un dévouement surhumain dont on ne trouverait peut-être pas d'autre exemple, avait travaillé pendant que nous dormions et sauvé les objets les plus précieux au péril de savie. Ce n'est pas que nous n'eussions fait des pertes assez sensibles, nos armes, par exemple ; mais enfin on pouvait s'en passer. (...)
Là, de la viande sèche, du biscuit et du thé composèrent un repas excellent, et, je dois l'avouer, un des meilleurs que j'eusse fait de mavie. Le besoin, le grand air, le calme après les agitations, tout contribuait à me mettre en appétit. (...)
Elles ondulaient jusqu'aux limites de l'horizon et s'y perdaient dans une brume fondante. Là, sur trois milles carrés, peut-être, s'accumulait toute laviede l'histoire animale, à peine écrite dans les terrains trop récents du monde habité. Cependant une impatiente curiosité nous entraînait. (...)
Des ruisseaux et des cascades tombaient par centaines des saillies de rocs, je croyais revoir la couche de surtarbrandur, notre fidèle Hans-bach et la grotte où j'étais revenu à lavie. Puis, quelques pas plus loin, la disposition des contre-forts, l'apparition d'un ruisseau, le profil surprenant d'un rocher venaient me rejeter dans le doute. (...)
Nous étions singulièrement attachés à notre brave chasseur d'eider ; son absence ne le fera jamais oublier de ceux auxquels il a sauvé lavie, et certainement je ne mourrai pas sans l'avoir revu une dernière fois. Pour conclure, je dois ajouter que ce Voyage au centre de la terre fit une énorme sensation dans le monde. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...