Un cours d'économie industrielle
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Avant que d'étudier les modèles propres à la belle cité d'Exil, il n'est pas inintéressant de se replonger dans les principes fondamentaux de l'économie industrielle et d'en ressaisir ainsi toutes les subtilités. Le professeur Orthonase Blanqui Aîné, maître de conférence à l'école des arts et métiers d'Oorens, a accepté de nous communiquer la transcription des cours qu'il donna, l'an passé, à ses classes supérieures. Bien que fortement marqué par le caractère d'un homme qui se veut pragmatique ...Contient : capital (25)(...) Pour travailler, il faut des avances, c'est-à-dire des matières premières, des instruments, de la nourriture. Ce sont ces avances qui constituent lecapital. Supposez cinq personnes dont une a les avances et les autres les bras. La première dit aux autres : « Je n'ai pas besoin de travailler mais je vous fais des avances et vous me donnerez une partie des profits de votre travail. » Ne se peut-il point qu'en pareil cas lecapitalabuse de son avantage et qu'il n'exploite le travail en se faisant la part du lion ? Toutes les guerres civiles n'ont pas d'autre origine et leur théorie se réduit à cette simplicité matérielle et patriarcale. Zelphaze de Beuvin nous a appris qu'il fallait faire deux part ducapital. Si on construit une usine, il faut d'abord en engager une partie pour bâtir et acheter le mobilier de l'usine ; ensuite, il faut se servir de l'autre pour les besoins courants. La première partie s'appelle lecapitalfixe, ou engagé ; la seconde porte le nom decapitalcirculant et aussi, quoique improprement, celui decapitalroulant. Quel est le rapport qui doit exister entre les deux parties ducapital? C'est là une question de la plus haute importance. Il en est qui construisent ici des usines (et il faut avouer que ces imprudences sont moins fréquentes qu'il y a quelques années) comme si elles devaient loger des potentats et durer des années. (...)
C'est avec des idées aussi simples que nous baserons notre théorie des richesses ; et c'est avec des prolégomènes si clairs et si faciles à comprendre que nous parviendrons à résoudre les problèmes les plus difficiles que les progrès et les complications de notre ordre social font ou ont fait naître. » Ducapital. « Nous avons vu déjà que les principaux éléments de la production industrielle étaient les CAPITAUX et le TRAVAIL. Lecapitalest cette portion de richesse publique qui sert à l'entretien des travailleurs et au développement de la production : il dérive des profits accumulés par l'épargne, c'est l'excédant de la production sur la consommation. Admettez un peuple qui consomme tout ce qu'il produit : soncapitalrestera stationnaire ; il ne se diminuera pas mais il ne s'accroîtra pas non plus. C'est comme un ouvrier qui mange chaque jour ce qu'il gagne et qui ne garde rien pour les jours d'inaction et de maladie. (...)
Si l'état se compose de beaucoup d'individus semblables à cet ouvrier économe, sa prospérité s'accroîtra ; dans le cas contraire elle diminuera chaque jour. Le rôle que lecapitalou le crédit qui le représente joue dans la production est si important que rien ne pourrait se faire sans lui ; c'est ainsi par exemple, que l'on remarque souvent, dans nos pays, un grand nombre de bras inoccupés, en même temps que des travaux considérables et fort utiles restent inexécutés. (...)
Rappelezvous ces faits, et vous serez convaincus qu'il est toujours possible d'économiser, d'augmenter soncapital. Car tant de maux ont pu être effacés, tant de jouissances n'ont pu être mises à la portée d'un plus grand nombre d'hommes, que par une direction plus intelligente du travail qui a procuré des profits sur lesquels on a fait des économies qui, accumulées et associées, ont formé des capitaux considérables. (...)
Là encore, les inégalités sociales disparaissent tous les jours : les domestiques n'y sont pas tenus par les maîtres dans une espèce de vassalité car il leur est facile de changer de condition. Cette réhabilitation de l'homme est très importante parce qu'elle ajoute aucapitalmoral de la nation qui l'entreprend. En Talbes, où les domestiques n'acceptent pas la qualification de serviteurs mais d'aides (Umak), leur conduite est régulière ; ils tiennent à être respectés par leur maître car ils se respectent eux-même ; ils ne travaillent que modérément mais ils le font avec conscience ; leurs gages sont élevés mais ils ne cherchent pas à les augmenter par les vols, les abus de confiance qui se commettent avec tant de facilité dans d'autres pays où ils sont presque tolérés. (...)
S'il n'en eût pas été ainsi et si, par exemple, l'impôt ne se bornant pas à prélever une part du revenu eût touché aucapital, celui-ci en diminuant eût amené la chute d'un grand nombre d'entreprises, les salaires eussent été réduits et une certaine quantité de travailleurs eût été mise en disponibilité. (...)
C'est-à-dire que tous les revenus, toutes les consommations auraient diminué à la fois et que l'impôt lui-même n'aurait pas été payé. » De l'éthalerion. « La plus importante question qui se rattache aucapital, ce qui en forme l'élément le plus précieux, celui sans lequel les autres n'auraient aucune valeur puisqu'ils ne seraient pas mis en oeuvre : c'est l'homme et son intelligence qui forment ce que j'ai déjà appelé lecapitalmoral d'une nation. L'intelligence de l'homme est le plus important de tous les capitaux et il importe de ne pas le laisser inactif. L'or n'est rien sans la pensée, c'est elle qui est tout. [...] Ainsi, messieurs, lecapitals'augmente de la valeur intrinsèque de l'homme, qui représente les sommes dépensées pour son éthalerion : mécanicien, manoeuvre ou penseur, c'est la même chose. (...)
Leur valeur augmente ou diminue suivant leurs capacités, leur utilité échangeable. L'éthalerion est uncapitalfixé dans un homme, comme une semence est confiée à la terre : l'éthalerion et la semence doivent l'une et l'autre rapporter des fruits. (...)
Qu'un homme invente une machine, un procédé, il jouira seul de sa découverte pendant un certain temps ; mais après lui et de son vivant même, après un délai déterminé, elle tombera dans le domaine public et chacun pourra en profiter. L'étude est le moyen le meilleur et le plus sûr d'augmenter lecapitalmoral d'un pays et d'accroître par lui les richesses. Supposez un père ayant deux fils et uncapitalde quarante mille Valeur Exiléennes à leur partager. Il leur propose de choisir entre l'ignorance et un sac de vingt mille VE à leur majorité, ou une instruction solide et pas d'argent. (...)
Admettez que l'un des fils préfère recevoir sa part en argent et l'autre en science. Arrivés à vingt ans, les deux jeunes gens sont lancés dans le monde, l'un avec uncapitalde 20,000 VE, l'autre avec uncapitalmoral qui représente les études qu'il a faites et qui ont absorbé la part d'argent semblable à celle de son frère, à laquelle il avait droit. Si, au bout de dix ans, par exemple, vous retrouvez les deux frères : l'un végétera misérablement avec ses mille valeurs de rente, s'il ne les a pas même entamés et perdus ; tandis que l'autre aura fait son chemin dans l'industrie ou le commerce, et qu'il y aura amassé des capitaux doubles, triples, décuples même de ceux qu'il aurait eu de sa légitime. (...)
Voyez l'empire qui occupe tant de place sur la carte et a des millions de sujets et des milliers de soldats et comparez-le à la Sostrie dont le territoire est si menu qu'il faudrait l'observer à la loupe. [...] C'est le développement quotidien ducapitalmoral qui facilite l'accroissement des richesses nationales. Et les travaux des inventeurs sont plus utiles à leurs pays que ceux de généraux illustres dont l'intelligence illustre est réduite à l'oisiveté par la paix, cet état normal des sociétés modernes - ce qui n'empêche pas d'en avoir toujours un très grand nombre très chèrement payés. (...)
Quand les capitaux sont abondants et nombreux, ils sont naturellement moins demandés et le taux de l'intérêt baisse ; c'est ce qui a lieu en ce moment au royaume d'Autrelles, et nous conduit tout naturellement à vous dire quelques mots de la question de la réduction de la rente. Le rentier, c'est le propriétaire d'uncapitalaccumulé autrefois et qui a besoin pour produire de l'industrie et du savoir faire d'un homme d'intelligence en disponibilité. (...)
[...] En procédant ainsi, on reconnaît que toute augmentation de production entraîne une augmentation de revenu, sinon supérieure, au moins égale ; parce qu'il suffit qu'il y ait uncapitaldisponible pour faire l'avance de la production, pour que tous les profits, les salaires, les revenus qui permettent de consommer, soient créés ensuite. (...)