De la monnaie et du numéraire
sur Ballon-Taxi au format (3.5 Mo)
Du métal et des monnaies. « Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des ...Contient : capital (10)(...) Le commerce, une fois organisé, a recherché tous les moyens de faciliter ses opérations, et il en est arrivé à ce point, aujourd'hui, de trouver les routes ordinaires trop lentes, même lorsqu'il les parcourt au galop des chevaux, et la monnaie, embarrassante pour solder ses achats ou recevoir le montant de ses ventes et c'est pour gagner du temps, ce précieuxcapitalcomme disent les sostriens, qu'ont été inventés les billets de banque d'une part et les chemins de fer de l'autre. (...)
Autrefois, les opérations de commerce, c'est-à-dire les échanges ne pouvaient se consommer qu'avec de l'argent ; les fortes maisons seules pouvaient faire usage du crédit, c'est-à-dire payer avec des lettres de change ; tout le petit commerce et les particuliers traitaient au comptant, et les affaires se trouvaient ainsi limitées par lecapitalde chaque individu. Le crédit mieux compris a fait cesser cet état de choses. Aujourd'hui, lorsqu'on achète, on n'a pas besoin d'argent : on prend livraison et s'acquitte avec un billet à échéance plus ou moins éloignée, et avant que celle-ci n'arrive, le négociant a souvent contracté des obligations semblables qui dépassent souvent plusieurs fois son avoir ; mais les ventes s'opérant dans l'intervalle de l'achat à l'échéance, il se trouve en mesure de faire face à ses affaires. (...)
En se basant sur des observations de plusieurs années, et en comptant le nombre des remboursements qui se sont faits terme moyen dans les termes ordinaires, bien que des dépenses puissent varier d'après une foule de circonstances, on a vu qu'on pouvait émettre des billets pour une somme quatre fois plus forte que la provision en espèce et qu'une banque aucapitalde cent millions pouvait avoir une circulation de quatre cent millions.Mais, dira-t-on, si un beau jour, on venait à demander à cette banque l'échange en argent de 200 millions ? (...)
— Il n'y a pas d'exemple d'un événement semblable, je dirai même d'un pareil malheur. Admettons tout de même le contraire. La banque aurait dans ses caves soncapitalde 100 millions, plus avec un peu de temps, le montant des effets à diverses échéances qu'on lui aurait donnés en échange de ses 300 millions de billets. (...)
Si avec cent millions, elle escompte pour quatre cent millions à quatre pour cent, en donnant en échange de effets qu'elle admet à escompte des chiffons qui ne lui coûtent que 4,50 VE et qui lui servent pendant six ans, elle bénéficie quatre pour cent sur soncapitalde cent millions et sur les trois cent millions fictifs, profits dont il faut déduire le loyer de son hôtel et ses frais de bureaux. (...)
; 2° Pour le commerce, de multiplier les affaires, en faisant servir à une opération nouvelle les fonds engagés dans une opération non encore consommée ; 3° Pour le pays, en augmentant sa force productive, par l'accroissement de soncapitalcirculant ; 4° Pour les actionnaires, en prélevant des commissions sur toutes les négociations à l'escompte, qui ont été soldées avec des billets coûtant 4,5 VE de fabrication et représentant 1000 VE decapital. Mais les maisons de change se mettent rarement dans les circonstances nécessaires pour opérer ces résultats. (...)
[...] Comme je vous le disais tout à l'heure, l'émission des billets doit avoir une certaine limite. Supposez, comme cela est arrivé en Sostrie, qu'une banque émette avec uncapitalde 100 millions, pour 1200 millions de billets ; qu'arrivera-t-il ? — Il arrivera toujours, et l'expérience est là pour le prouver, que les remboursements se présenteront en foule, et que la banque qui aura trop largement accordé sa confiance, se trouvera en déficit après avoir écoulé ses capitaux disponibles, et sera obligé de suspendre ses paiements. (...)
Vous devez vous souvenir, en effet, que j'ai dit que la monnaie métallique était la monnaie par excellence, parce qu'elle était à l'abri des fraudes et que sa quantité ne pouvant jamais être augmentée ou réduite subitement dans de fortes proportions, les variations insensibles auxquelles elle était soumise, n'étaient par susceptibles d'apporter des troubles dans les relations commerciales : j'ai ajouté ensuite que l'emploi exclusif des métaux précieux, comme intermédiaires des échanges, présentait l'inconvénient de limiter les affaires au chiffre ducapitalen numéraire possédé par chaque nation. Quant aux billets de crédit, j'ai reconnu l'avantage qu'ils offraient de donner du stimulant aux affaire, de faciliter les rapports commerciaux ; mais j'au dû appeler toute votre attention sur la facilité avec laquelle on pouvait, en abusant du droit d'émission, bouleverser et détruire en quelques mois le crédit public et les fortunes privées. (...)
La position devint plus grave et la banque fut sur le point de suspendre entièrement ses opérations, lorsque les besoins du gouvernement, ayant forcés celui-ci à lui demander de nouvelles anticipations sur les revenus publics, elle ne put les effectuer qu'en billets de nouvelle création qui n'étaient représentés par aucune augmentation de soncapitalen numéraire. De toutes parts, il arrivait des demandes d'espèces auxquelles on ne pouvait satisfaire, et les choses en vinrent à ce point que le Sixte Deux Nouvel 1392, dernier jour du paiement en espèces, il n'y avait en caisse que 1,272,000 sigiles - la monnaie autrelienne - et tout annonçait que des demandes bien plus considérables pleuvraient sur la banque le Prime suivant. (...)