L'Outre à Vent
Connaissez-vous l'histoire, gentes dames et gentes damoiseaux, de l'outre à vent ? Cet outre si fabuleuse et dont le souvenir est presque effacé... Cet outre qu'un dieu fit cadeau à un marin et qui contenait sa clémence et sa colère... Jadis, il y a très longtemps, quand la terre n'était pas encore terre, quand les premiers chevaliers n'étaient pas apparus, quand les hommes chevelus, nos vaillants ancêtres se disputaient le vin et les femmes dans des banquets orgiaques, jadis les dieux étaient ...Contient : dieux (8)(...) Jadis, il y a très longtemps, quand la terre n'était pas encore terre, quand les premiers chevaliers n'étaient pas apparus, quand les hommes chevelus, nos vaillants ancêtres se disputaient le vin et les femmes dans des banquets orgiaques, jadis lesdieuxétaient encore sur la terre. Ils vivaient près de nous et se divertissaient de ces hommes simples et braves dont la bonne foi ne pouvait faire la distinction entre le bien et le mal. (...)
La toile de mauvaise jute fut déroulée à l'instant où le soleil pointa à l'horizon. Après avoir prié bruyamment et avec force jurons lesdieuxde leur être favorables, les hommes se plièrent sur leur rame. Ils mirent le cap au sud pour contourner l'Irlande. Le temps était clément et la grande barque filait sur l'eau. Artix remercia lesdieux. Après plusieurs jours de mer, bien après qu'ils eussent obliqué vers l'ouest, le ciel était toujours bleu, la mer d'huile et la brise soutenue. (...)
La peur pointa dans le coeur des marins chevelus. Seul le visage d'Artix rayonnait. Il aimait le danger et l'épreuve desdieuxl'enchantait. Le ciel était devenu noir et la mer se creusa d'une houle monstrueuse. Ballottée comme un fétu de paille, la barque tournoyait sur elle-même. (...)
Elle les entourait, les pressait, les roulait et les étouffait. Artix se redressa et cria à la tempête : 'Dieuxdu ciel et de la mer, je sais maintenant que je suis près du but et vous faites tout pour m'empêcher d'atteindre le bord de l'océan. (...)
Sa parure était riche et décorée de multiples courbes entrelacées. Son visage était beau et pur, d'une perfection sans égale. ' Ainsi tu oses défier lesdieux, impudent Artix. Ton courage me divertit, mais tu es loin d'avoir atteint ton but. Ce misérable grain ne fut provoqué que par le passage de mon char. (...)
Moi, Manannan Mac Lyr, j'aime courir cette vaste plaine fleurie, par les beaux jours du printemps. L'éternité est si ennuyeuse. Mais tu m'as fait outrage en accusant injustement lesdieuxde la mer et du ciel. Nous nous battrons donc. Choisis ton arme humain et ensuite toi et tes hommes servirez d'esclave sur mon île de l'éternelle beauté. (...)
Aussitôt fait, il déboucha l'Outre à Vent et un souffle formidable en sortit propulsant le navire des Foldaeg. Et c'est ainsi Messires de Bretagne et d'Armor, que le vent desDieux, couvert de bronze et d'or, dans les mains d'un marin, échoua pour une fois, mais l'histoire raconte, que personne ne le garda. (...)