Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : cheval (14)(...) Je ne me souviens de rien d'autre jusqu'au moment où la rencontre du Héraut me ramène au présent. Il nous attend, au carrefour, non loin de la sortie du village, campé sur unchevalblanc à l'étrange crinière bleue et bardé de cuir clouté de fer froid. Il regarde l'attelage, les bêtes, sans doute avec plus de considération que nous même. (...)
- Faudra lui faire un brancard, dit Pigeon Fou, avec les lances et du tissus, et on l'accrochera à uncheval. - Mieux vaut l'installer dans le chariot, dit-elle. Sinon il perdra sa jambe à coup sûr. Je hoche la tête. (...)
Quand Pigeon Fou voit mon regard, il hausse les épaules l'air innocent, l'imbécile ! Je descends de moncheval, et après l'avoir accroché au chariot, y grimpe d'un bond. L'endroit est exigu, empli de l'odeur des légumes, de viande séchée et d'épices. (...)
Elle ouvre la bouche pour rajouter quelque chose, mais je sors avant qu'elle ne dise quoi que ce soit. Je remonte àcheval. Je me méfie de Regard Vif, et encore plus de sa fille. Les femmes ont cette façon de vous faire perdre votre résolution en quelques mots. (...)
Je confiais mes parents à une vieille femme du village avant de partir, montant la vieille bourrique qui nous servait decheval. Le chemin prit trois jours. Les marchands de la guilde me donnèrent les médicaments d'un air apitoyé en échange de moncheval. Quelque chose en moi dû les marquer, car ils me proposèrent de m'embaucher si mes parents décédaient malgré tout. (...)
Une voix féminine, claire et dure aboie un ordre bref. La Princesse Bleue. A son ordre, les gardes descendent dechevalcomme un seul homme. Ils sont proches à présent, de l'autre coté de la butte. Je me résous à respirer à nouveau. (...)
Lentement, la nuit plonge mon corps dans l'obscurité en même temps que la plaine. Mon esprit ne tarde pas à suivre. Je suis vivant. J'aurais dû mourir. Cahots. Hennissements decheval. Bêlements de mouton et de chèvres me parviennent, assourdis. Je respire un air chaud empli de l'odeur du cuir, de laine et de fourrure dans lequel je suis emmitouflé comme dans un cocon. (...)
L'instant d'après la porte de bois claque derrière moi et je me retrouve dans un long couloir encombré de selles, de fers - à -cheval, d'armes et d'équipements divers. Je le traverse comme un éclair, spectre d'or poussé par un vent de vengeance. (...)
Quelques objets brillent, cloués autour de l'entrée : le gri-gri de fer froid du Shaman. Je descends dechevalet commence à grimper le long de la pente trop abrupte pour lui. Brume me suit tant bien que mal. (...)
- Si tu survis dans cet état dans la plaine du vent, tu auras mérité le droit de vivre, dis-je tandis qu'il gémit de douleur, sinon, les morts seront toujours là pour toi. Je sors, me laisse glisser jusqu'en bas pour rejoindre monchevalqui piaffe d'impatience, prêt à repartir. Je remonte sur lechevalet observe l'horizon. Je ne l'ai pas tué. Je suis libre. Je forge mon destin. Je lance un dernier regard vers la grotte et je vois Brume en sortir. (...)
Le vent est incisif, sec et brûlant, mais elle croise les bras comme pour se protéger du froid. - J'ai peur... - Il y a uncheval, de la nourriture, prend-les, dis-je. Tu es libre, mais je ne peux pas t'emmener là où je vais. (...)
- Tu savais lorsque je t'ai emmenée dans le Trône d'Orage, tu savais et tu n'as rien dit. Je te pardonne, mais je ne peux pas t'emmener. Je joue des éperons, lechevalse met en route. Elle me suit à pied tant bien que mal. - Mais, où vas-tu aller ? Je ne la regarde pas. (...)