Le livre des joueurs
sur Le Terrier au format (609 Ko)
Contient : exil (23)(...) Il n'y a d'autre éclairage que quelques becs de gaz fumant et, un peu plus loin, la soudaine clarté vive et aveuglante d'une machine-soleil. Vous voilà enExil, la Cité verticale, la Cité d'Acier.Exil, comme si vous y étiez...Exilest une cité humaine construite sur une lune lointaine, au milieu d'un océan déchaîné. Haute de trois kilomètres, d'un diamètre de huit et d'une circonférence de plus de vingt-cinq,Exilest démesurée pour notre entendement. Elle serait comme Paris empilée cinquante fois l'une par-dessus l'autre. Comment cela est-il possible ? (...)
Que ce soit dans les ruelles étroites serpentant entre des bâtiments construits au hasard ou à l'aplomb de vertigineuses percées verticales et horizontales,Exilsurprend le promeneur à chacun de ses pas : statues de jeunes artistes à la mode ou antiquités gravées sur une surface recouverte de suie et de mousse, fontaines jaillissantes ou canalisations éventrées, maisons peintes avec force couleurs et boutiques étroites nichées sous une arcade... Peut-être serez-vous mal à l'aise, soudainement, quand vous prendrez conscience que vous déambulez dans un cimetière.Exilest une nécropole, encore hantée par la présence des Anciens, ce peuple finalement détruit par ses esclaves humains plus de deux mille ans avant cet instant. (...)
Il n'est guère étonnant, dans ces conditions, que tant d'Exiléens se laissent aller au mysticisme le plus morbide. Cette morbidité est encore renforcée par l'absence permanente d'une source lumineuse éclatante. EnExil, il fait toujours sombre. Le soleil ne brille jamais sur la cité, même à ses plus hautes altitudes. (...)
Seule la masse pâle et orangée de la planète Forge emplit le ciel vingt jours par mois, se découvrant peu à peu tandis que sa lune aquatique,Exil, lui tourne autour en lui exposant toujours la même face. Forge est elle-aussi peuplée par des humains mais leurs civilisations, abandonnées jadis, n'ont jamais bénéficié de l'esprit de progrès exiléen. (...)
Du port Circulaire, au pied de la cité, jusqu'aux jardins suspendus et le quartier des palais, à son sommet, vous aurez tout loisir de visiter quelques-uns des bâtiments qui font l'orgueil et la fierté des Exiléens : la Cité administrative et son immense horloge qui règle la vie de chacun, les dizaines de collèges et de maisons d'étude de l'université qui entoure la prestigieuse Bibliothèque universelle, les loges corpolitaines discrètes qui abritent toute la puissance économique de la Cité d'Acier ou encore le Grand Opéra, délice ingéniérique et musical tenu au-dessus du vide par des passerelles aussi diaphanes que solides. Vivre enExilVivre enExil, c'est avant tout connaître et respecter la Concorde sociale. Elle est une pensée, une philosophie, une règle, un principe que chaque citoyen apprend dès son plus jeune âge et que les visiteurs sont bien avisés de connaître. Chacun doit vivre en bonne intelligence avec son prochain, nul ne doit user de son pouvoir pour brimer ses contemporains ni revendiquer plus qu'il n'est raisonnable qu'il puisse obtenir. (...)
Ces derniers ont en charge la gestion technique de la cité - de la vérification des constructions à la planification des travaux publics, de la surveillance des machines-soleils à l'étude des machines absurdes (d'étranges et incompréhensibles installations, héritage des Anciens faisant fonctionner bien des systèmes au coeur de la cité), du contrôle des centres de répartition vapeur à l'entretien des intelligences mécaniques, les immenses calculateurs mécaniques installés dans les murs d'Exil, partout où il y a de la place. Leur idéal ingéniérique, tout entier tourné vers le progrès et les techniques, promet à tous une vie meilleure et plus sûre - et pour l'instant, c'est le plus souvent le cas. (...)
Ne sont-ils pas ceux qui ont percé les secrets des Portes d'Airain, seuls passages connus entre la lune et sa planète, et qui ont ouvertExilvers sa voisine Forge ? Trop de rumeurs courent sans doute sur leur compte pour qu'on les accepte jamais totalement - ils vivent entre eux, austères et étranges, pratiquant des rites inconnus et, dit-on, enlevant des enfants pour renforcer talleurs rangs. (...)
Les corpoles sont des nébuleuses industrielles et financières, regroupant par dizaines, par centaines, des entreprises et des entrepreneurs engagés à ne travailler qu'avec ceux qui appartiennent à la même corpole, payant police à la même Maison de négoce et profitant des coffres de la même Maison de change. Sept d'entre elles font plus de la moitié des profits et du commerce enExil, mais il en existe tant qu'il est difficile de les compter. Les patriarches, eux, furent les maîtres de la cité avant d'abdiquer le pouvoir et de le confier à Administration. (...)
Qu'ils s'enferment dans quelque étude pour griffonner toute la journée et aligner des colonnes de chiffres, qu'ils rejoignent les ateliers répartis à travers toute la cité, partout où il y a de la place pour installer des établis et des outils, ou qu'ils descendent jusqu'aux grandes usines métallurgiques et chimiques de la cité industrielle, loin sous le niveau du port, les prolétaires vivent chichement et avec dignité, conscients que seul l'engagement politique, un syndicalisme très fort et une forte solidarité leur permettront de se tailler une meilleure place dans la société sans briser la Concorde sociale. Au quotidien EnExil, vous mangerez surtout des produits de la mer, des algues et du poisson. Vous pourrez aussi profiter des « délices » scientistes que constituent les viandes fumées et rôties venues des « sacs à viande ». (...)
En somme, la vie des Exiléens est semblable à celle de tant d'autres, partagée entre le travail quotidien, la famille et quelques loisirs. Histoire Les hommes ne sont pas originaires d'Exilou de Forge. Ils ont été enlevés de la Terre en des temps reculés, emportés comme esclaves par une race se dépérissant, les Anciens. (...)
Les hommes furent emmenés sur Forge puis, comme ils se montraient les plus adaptables et les plus industrieux (et qu'ils se reproduisaient bien en captivité), nombre d'entre eux furent emmenés surExil, au milieu de dizaines d'autres races enlevées, afin qu'ils y construisent les fabuleux tombeaux dans lesquels les Anciens voulaient être ensevelis. Avec le temps, les Anciens abandonnèrent Forge à son sort et restèrent surExil, vivant au milieu des mausolées. Les humains de Forge virent disparaître les derniers bateaux des Anciens à travers les Portes d'Airain et furent livrés à leur sort, construisant bientôt des nations et des empires tels qu'on les connaît aujourd'hui, mosaïque de cultures et de forces politiques clairsemées. Les hommes enExilapprirent à courber la tête puis, menés par les patriarches, se rebellèrent et abattirent tous les Anciens et aussi tous les autres peuples esclaves. (...)
Il s'ensuivit quatre cent ans de guerre contre les Lektres, les seigneurs de l'océan Noir, que les humains finirent par gagner. Les patriarches gouvernaient doncExil, nobles parmi le peuple. Mais, privés d'ennemis extérieurs, ils se firent bientôt la guerre pour le pouvoir. (...)
Le corps administratif, les scientistes longtemps pourchassés et les ingénieurs civils à l'influence grandissante, s'opposèrent aux patriarches et leur arrachèrent le pouvoir après de longues négociations. L'Exilmoderne était née. Quand les mystérieux Stalytes apparurent, après une semaine de tempête et de brumes épaisses, leurs palais fermement implantés enExilcomme s'ils en avaient toujours fait partie, la Cité verticale était calme et la Concorde sociale régissait la vie de tous. Ces êtres énigmatiques venus d'ailleurs semblent être plongés dans des études métaphysiques. (...)
Au cours de l'essor économique qui suivit les premiers contacts depuis fort longtemps entre les habitants d'Exilet ceux de Forge, les corpoles se constituèrent et se développèrent, jusqu'à créer un nouveau pouvoir avec lequel il faut désormais compter, celui de l'argent industriel. (...)
Si, de nos jours, la cité est calme, on ne peut en dire autant de Forge où les guerres entre les pays ou entre leurs citoyens font rage, au plus grand bonheur des corpolitains qui trouvent ainsi de nouveaux débouchés pour leurs produits.Exiln'attend plus que vous pour respirer et vivre. Laissez-vous entraîner et bon jeu !Imaginez des tours et des maisons de fonte et de pierre noire, des passerelles et des escaliers qui décrochent les perspectives, des esplanades et des courettes aux pavés glissants, des canaux suspendus par des câbles d'acier. Entendez le fracas du tramway qui passe au-dessus de vous et le sourd ronronnement des machines loin sous vos pieds. Une pluie éparse mais alourdie par les suies et les fumées s'abat sur vos épaules, la brume s'effiloche autour de vous, le vent plaque d'épais vêtements sur ...