Introduction
sur Le Terrier
C'était un hiver froid et sec, mordant, qui attaquait le sol et les arbres et ralentissait le cour des rivières. Les deux femmes cheminaient lentement en suivant le vieux sentier de hallage, le long de la Gisten. Le cheval de la première caracolait un peu en tête, le poitrail gonflé de son importance, les yeux à demi-plissés. Sa robe était d'un noir de jais, si on exceptait cette curieuse tâche sous l'œil qui lui avait valu son nom. Komma était un cheval eisenör puissant, immense, taillé pour des ...Contient : ville (8)(...) C'est ainsi que, vers le milieu de l'après-midi du 4 primus 1667, les deux femmes entrèrent dans Seigburg, perdues dans des pensées rendues sombres par le paysage, la tête baissée, enfouie dans les poils odorants des fourrures hivernales. C'est à peine, d'ailleurs, si elles se rendirent compte qu'elles étaient enville. Les faubourgs, le long de la rivière, n'existaient plus. Les maisons n'étaient plus que des tas de gravas, détruites une à une, tapies désormais dans les ronces, le liseron, les orties et les rejets de jeunes chênes. (...)
Il fallut le mur d'enceinte du Hafen et l'ordre lancé par un soldat de guet pour qu'elles lèvent la tête et contemplent, un peu effrayées, ce qui restait de laville. Le Hafen était le quartier oriental de laville, son port fluvial aussi. En cet époque de basses eaux, il semblait vide et seuls quelques menuisiers travaillaient à réparer des coques de noix. Les entrepôts bas qui s'étendaient sur la rive nord se vidaient doucement et les commerçants vendelars restaient bien au chaud près des poêles dans leurs maisons. Bien qu'il semblât presque abandonné, le Hafen restait le lieu le plus dynamique de laville, le seul qui lui donnât un semblant de normalité. Au-delà de l'enceinte, en remontant la rivière, les deux femmes atteignirent le coeur de laville. Le quartier de l'Ewig était jadis le noyau bourgeois de la capitale du Wische. Les maisons de pierre étaient hautes et majestueuses, les rues bordées d'arbres épais et noueux. (...)
Au-dessus de l'Ewig, le palais de l'Eisenfürst Von Wische dressait ses hautes murailles de brique rouge au-dessus de laville. Il avait été partiellement épargné par le sac de lavillesept ans plus tôt mais portait pourtant la trace des violents combats qui s'étaient déroulés par ici. Des pans de mur entiers s'étaient écroulés et formaient des coulées rougeâtres le long de la colline vers la rivière. (...)
Elles revinrent donc doucement vers le Seuferbrücke, passèrent les gardes de fer qui les examinèrent attentivement - leur arrivée envilleserait dûment rapportée avant le début de soirée - et s'engagèrent sur le pont. Le pas lourd des deux chevaux résonnait étrangement à leurs oreilles. (...)