L'histoire de Clébard
sur Le Ludiste
C'est une soirée d'automne morne à l'auberge des deux amphores. Dehors la nuit est brumeuse et humide. A cinq pas de la porte, la rue se perd dans un épais coton grisâtre. Oubliées les autres rues de Pôles aux alentours, oubliées les murailles toutes proches qui, la veille encore, dégoulinaient du sang des guerriers tentant, qui de prendre pied sur le parapet pour envahir la ville, qui de repousser les barbares du nord pour protéger leurs foyers. On aurait tout aussi bien pût se trouver n'importe ...Contient : porteur (9)(...) Un bouclier de métal cuivré forgé en forme de visage monstrueux. Il est pour l'heure appuyé sur le mur, juste à côté de son jeuneporteur, un alweg musclé et beau garçon. Ce dernier pousse un soupir. Après tout pourquoi pas. Il tourne le regard vers son Arme et lui parle très certainement par ce lien invisible qui les unit. (...)
Mais si elle est violente cela nous changera des massacres stupides de ces derniers jours. C'est l'autreporteurd'Arme qui vient de parler ; en l'occurrence d'une femme qui a tous les atours d'une jeune mère de famille et se nomme Clarisse. (...)
Découvrant un esprit frustre et quasi animal elle déploya des trésors de délicatesse pour l'amadouer et l'apprivoiser. Ce nouveauporteurqui venait de lui tomber dessus, pour ainsi dire, éveilla sa curiosité. Jamais elle n'avait connu un tel être. (...)
Clébard et son Arme disparurent dans la nuit, laissant derrière eux les cadavres enlacés des deux amants. Au fil des jours et des semaines l'Arme-dieu se passionna pour son nouveauporteur. Elle entreprit de lui enseigner tout ce qui lui manquait et se gava des ses sentiments d'émerveillement et de peur face au monde qu'elle lui révélait. (...)
Le jeune homme ne se lassait pas de parler de sa belle à sa compagne de métal, partageant sans pudeur avec elle tous ses espoirs les plus fous. L'Arme décida d'aider sonporteurà réaliser son rêve. Elle était puissante et découvrit que Clébard avait un potentiel fabuleux qui ne demandait qu'à être exploité. (...)
Elle l'entraîna de combat en combat pour qu'il s'endurcisse et gagne en réputation. En quelques mois leporteurd'Arme connu sous le nom de chien de guerre fut craint et respecté sur tout le front. Des mercenaires acceptèrent de servir sous ses ordres et plusieurs porteurs d'Armes mineures vinrent se placer dans son ombre. (...)
Emerveillée elle découvrait qu'une Arme peut avoir des sentiments altruistes, pour peu qu'elle ait suffisamment d'affection pour sonporteur. Pénétrer dans les territoires vorozions ne fut pas une partie de plaisir pour la troupe de Clébard. (...)
Lorsqu'il couvrit la fille et s'enfonça enfin en elle, l'Arme avait tout compris. Cet amour qui avait jusqu'à ce jour guidé sonporteurn'était qu'une illusion. Rien de merveilleux ni d'exceptionnel ne sortirait de cette étreinte. (...)
Après tout, une aussi intense déconvenue serait tout aussi somptueuse à expérimenter que l'achèvement d'un véritable amour. L'Arme savait cela, et pourtant elle ressentait de la pitié pour sonporteur. Plus que de la pitié c'était de la compassion. Elle aurait voulu être à la place de cette bouseuse pour offrir à Clébard ce qu'il avait toujours rêvé d'avoir. (...)