Sucrée Maison
L'auberge. Et alors ? On y passe, on y lape un brouet qui tue la faim, on y tombe de sommeil. On la quitte bientôt, avec pour souvenirs le dessin de l'enseigne, le minois d'une servante, le goût d'une sauce : d'autres auberges vont suivre, qui vont se confondre avec celle-là. Bien sûr, quand on rencontre d'autres gens du Voyage, les soirées à l'auberge prennent de la saveur. Chacun y va de son histoire incroyable, de sa fanfaronnade, de sa brève de voyage. Une bonne occasion pour faire briller les ...Contient : feu (8)(...) Mais non, il s'agit d'une lanterne, accroché sous le vantail d'une grande maison. On devine même à travers les volets clos un bon vieuxfeude cheminée... Si les Voyageurs n'étaient pas tentés, il ne reste plus qu'à les réveiller au milieu de la nuit, grâce au pouvoir jupitérien du Gardien des Rêves : l'averse torrentielle. (...)
Ils ont sans doute pillé la chambre de l'Evidentin mort, mais n'ont pas de raisons de séjourner à l'auberge plus longtemps : on lit (presque) aussi bien les chougnes et les parchemins draconiques à la lumière dufeude camp, quand on a l'habitude. Les Voyageurs qui avaient craint une malédition constatent avec soulagement qu'ils franchissent sans périr le porche de l'auberge, et qu'ils peuvent partir sans se retourner. (...)
On pourrait les prendre pour des perruques - jusqu'au jour où l'une d'elles grimpe sur les genoux d'un Voyageur, au coin dufeu! Les Chevelures se comportent comme des animaux, peureuses, muettes, immotivées. Cela tend à prouver qu'elles ne sont pas intelligentes : malgré tout, il faut que les Voyageurs prennent sur eux pour ne pas les soupçonner de la malédiction qui s'abat sur le dernier occupant parti. (...)
La literie douce et chaude sous la tête rend l'orage et le vent abstraits, agréables comme le loup du conte parce qu'il n'existe pas. Pour les soirées près dufeu, on déniche des jeux en beau bois et des cartes. Pour les bobos, on trouve dans le jardin un parterre de simples, parmi lesquelles de la fausse suppure et de l'endorlotte domestique (+3 au lieu de +5 aux récupérations de Vie). (...)
Il faut la voir élever sa gueule noire, couverte d'écailles de bois, il faut l'entendre ronfler comme un gros chat ravi, jamais enfumante, jamais bouchée... Lefeuqu'elle fait jouer est un spectacle. Aux flambées ardentes crachant des ballets d'étincelles, destinées à ceux qui viennent du dehors, cette cheminée sait faire succéder unfeupépère, qui s'éteint doucement en se glissant dans les charbons, tandis qu'on s'endort, bercé par le murmure décroissant du bois. Et jamais les feux de cette cheminée, quand on oublie de les couvrir, n'auraient l'idée d'incendier la maison : ils meurent tranquillement, jusqu'à la prochaine fois. (...)
D'autant que l'auberge 'récupère' les rares dégâts effectifs (au rythme de 2 par heure). Et le résultat est le même que si on incendiait l'auberge... C'est une idée, ça ! Lefeuest une mort naturelle pour une maison, a fortiori une auberge à la cheminée très active. Et c'est bien pourquoi l'Entité ne va pas résister : elle pourrait, sans doute, renaître de ses cendres, comme face à n'importe quel dégât. (...)
L'Entité d'auberge, assoupie par l'endorlotte, laisse échapper ses proies, mais cela fend le coeur de penser à elle, seule, désolée, craquant tristement de toutes ses poutres pour appeler des clients... Et que les Voyageurs songent à ce qu'ils laissent derrière eux : un lit accueillant, un bonfeu, et une assiette toujours pleine, et cela gratuitement... Cette situation pénible risque de déprimer un certain temps les Voyageurs (jet de Moral en situation malheureuse, chaque matin, pendant environ une semaine) ; mais ils oublieront l'auberge, qui a entretemps trouvé de nouveaux clients et fané son endorlotte ! (...)