Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : degrés (21)(...) il est parfaitement reconnu que la chaleur augmente environ d'un degré par soixante-dix pieds de profondeur audessous de la surface du globe ; or, en admettant cette proportionnalité constante, le rayon terrestre étant de quinze cents lieues, il existe au centre une température de deux millions dedegrés. Les matières de l'intérieur de la terre se trouvent donc à l'état de gaz incandescent, car les métaux, l'or, le platine, les roches les plus dures, ne résistent pas à une pareille chaleur. (...)
Si nous arrivions à une profondeur de dix lieues seulement, nous serions parvenus à la limite de l'écorce terrestre, car déjà la température est supérieure à treize centsdegrés. - Et tu as peur d'entrer en fusion ? - Je vous laisse la question à décider, répondis-je avec humeur. (...)
N'a-t-on pas cru jusqu'à Fourier que la température des espaces planétaires allait toujours diminuant, et ne sait-on pas aujourd'hui que les plus grands froids des régions éthérées ne dépassent pas quarante ou cinquantedegrésau-dessous de zéro ? Pourquoi n'en serait-il pas ainsi de la chaleur interne ? Pourquoi, à une certaine profondeur, n'atteindrait-elle pas une limite infranchissable, au lieu de s'élever jusqu'au degré de fusion des minéraux les plus réfractaires ? (...)
« Eh bien, je te dirai que de véritables savants, Poisson entre autres, ont prouvé que, si une chaleur de deux millions dedegrésexistait à l'intérieur du globe, les gaz incandescents provenant des matières fondues acquerraient une élasticité telle que l'écorce terrestre ne pourrait y résister et éclaterait comme les parois d'une chaudière sous l'effort de la vapeur. (...)
Les instruments comprenaient : 1° Un thermomètre centigrade de Eigel, gradué jusqu'à cent cinquantedegrés, ce qui me paraissait trop ou pas assez. Trop, si la chaleur ambiante devait monter là, auquel cas nous aurions cuit. (...)
Les pierres qu'aucun ciment de terre, aucune herbe ne liaient entre elles, s'éboulaient sous nos pieds et allaient se perdre dans la plaine avec la rapidité d'une avalanche. En de certains endroits, les flancs du mont faisaient avec l'horizon un angle de trente-sixdegrésau moins ; il était impossible de les gravir, et ces raidillons pierreux devaient être tournés non sans difficulté. (...)
Toute la difficulté de la route consistait à ne pas glisser trop rapidement sur une pente inclinée à quarante-cinqdegrésenviron ; heureusement, certaines érosions, quelques boursouflures tenaient lieu de marches, et nous n'avions qu'à descendre en laissant filer nos bagages retenus par une longue corde. (...)
- C'est que si nous étions très avancés dans l'intérieur de l'écorce terrestre, la chaleur serait plus forte. - D'après ton système, répondit mon oncle. Qu'indique le thermomètre ? - Quinzedegrésà peine, ce qui ne fait qu'un accroissement de neufdegrésdepuis notre départ. - Eh bien, conclus. - Voici ma conclusion. D'après les observations les plus exactes, l'augmentation de la température à l'intérieur du globe est d'un degré par cent pieds. (...)
» Les calculs du professeur étaient exacts ; nous avions déjà dépassé de six mille pieds les plus grandes profondeurs atteintes par l'homme, telles que les mines de Kitz-Bahl dans le Tyrol, et celles de Wuttemberg en Bohème. La température, qui aurait dû être de quatre-vingt-undegrésen cet endroit, était de quinze à peine. Cela donnait singulièrement à réfléchir. XIX Le lendemain, mardi 30 juin, à six heures, la descente fut reprise. (...)
Je compris pourquoi lorsque, plongeant mes mains dans le jet liquide, je poussai à mon tour une violente exclamation. La source était bouillante. « De l'eau à centdegrés! m'écriai-je. - Eh bien, elle refroidira », répondit mon oncle. Le couloir s'emplissait de vapeurs, tandis qu'un ruisseau se formait et allait se perdre dans les sinuosités souterraines ; bientôt nous y puisions notre première gorgée. (...)
Mais, le 13, vers midi, la faille prit, dans la direction du sud-est, une inclinaison beaucoup plus douce, environ quarante-cinqdegrés. Le chemin devint alors aisé et d'une parfaite monotonie. Il était difficile qu'il en fût autrement. (...)
- Je ne dis pas non. - Et ici, suivant la loi de l'accroissement de la température, une chaleur de quinze centsdegrésdevrait exister. - Devrait, mon garçon. - Et tout ce granit ne pourrait se maintenir à l'état solide et serait en pleine fusion. (...)
- Je suis forcé d'en convenir, mais enfin cela m'étonne. - Qu'indique le thermomètre ? - Vingt-septdegréssix dixièmes. - Il s'en manque donc de quatorze cent soixante-quatorzedegrésquatre dixièmes que les savants n'aient raison. Donc, l'accroissement proportionnel de la température est une erreur. (...)
- Je suis sûr de ne pas me tromper de cinq cents toises. - Et la boussole indique toujours le sud-est ? - Oui, avec une déclinaison occidentale de dix-neufdegréset quarante-deux minutes, comme sur terre, absolument. Pour son inclinaison, il se passe un fait curieux que j'ai observé avec le plus grand soin. (...)
Je plonge dans l'eau qui coule en bouillonnant un thermomètre à déversement, et il marque une chaleur de cent soixante-troisdegrés. Ainsi donc cette eau sort d'un foyer ardent. Cela contredit singulièrement les théories du professeur Lidenbrock. (...)
Il ne présente aucun caractère de ce prognathisme qui modifie l'angle facial12. Mesurez cet angle, il est presque de quatre-vingt-dixdegrés. Mais j'irai plus loin encore dans le chemin des déductions, et j'oserai dire que cet échantillon humain appartient à la famille japétique, répandue depuis les Indes jusqu'aux limites de l'Europe occidentale. (...)
Mais si ceux-ci éprouvent un froid proportionnel à mesure qu'ils s'élèvent dans les couches atmosphériques, nous subissions un effet absolument contraire. La chaleur s'accroissait d'une inquiétante façon et devait certainement atteindre quarantedegrés. Que signifiait un pareil changement ? Jusqu'alors les faits avaient donné raison aux théories de Davy et de Lidenbrock ; jusqu'alors des conditions particulières de roches réfractaires, d'électricité, de magnétisme avaient modifié les lois générales de la nature, en nous faisant une température modérée, car la théorie du feu central restait, à mes yeux, la seule vraie, la seule explicable. (...)
La température devenait insoutenable, et un thermomètre exposé dans cette atmosphère eût marqué plus de soixante-dixdegrés! La sueur m'inondait. Sans la rapidité de l'ascension, nous aurions été certainement étouffés. (...)
Je pensai un instant à cette volupté de me retrouver subitement dans les régions hyperboréennes par un froid de trentedegrésau-dessous de zéro. Mon imagination surexcitée se promenait sur les plaines de neige des contrées arctiques, et j'aspirais au moment où je me roulerais sur les tapis glacés du pôle ! (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...