Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : feu (28)(...) A tourner et à retourner ce document, il pourrait par hasard en découvrir la clef ! Détruisons-le. » Il y avait un reste defeudans la cheminée. Je saisis non seulement la feuille de papier, mais le parchemin de Saknussem ; d'une main fébrile j'allais précipiter le tout sur les charbons et anéantir ce dangereux secret, quand la porte du cabinet s'ouvrit. (...)
Sa surface était composée d'une grande quantité de métaux, tels que le potassium, le sodium, qui ont la propriété de s'enflammer au seul contact de l'air et de l'eau ; ces métaux prirentfeuquand les vapeurs atmosphériques se précipitèrent en pluie sur le sol, et peu à peu, lorsque les eaux pénétrèrent dans les fissures de l'écorce terrestre, elles déterminèrent de nouveaux incendies avec explosions et éruptions. (...)
Lorsque nous eûmes mis de côté notre harnachement de voyageurs, la voix de l'hôte se fit entendre, qui nous conviait à passer dans la cuisine, seule pièce où l'on fit dufeu, même par les plus grands froids. Mon oncle se hâta d'obéir à cette amicale injonction. Je le suivis. (...)
Involontairement je songeais à son intensité, quand les laves vomies par le Sneffels se précipitaient par cette route si tranquille aujourd'hui. Je m'imaginais les torrents defeubrisés aux angles de la galerie et l'accumulation des vapeurs surchauffées dans cet étroit milieu ! (...)
Les « climats » n'existaient pas encore, et une chaleur torride se répandait à la surface entière du globe, égale à l'équateur et aux pôles. D'où venait-elle ? De l'intérieur du globe. En dépit des théories du professeur Lidenbrock, unfeuviolent couvait dans les entrailles du sphéroïde ; son action se faisait sentir jusqu'aux dernières couches de l'écorce terrestre ; les plantes, privées des bienfaisantes effluves du soleil, ne donnaient ni fleurs ni parfums, mais leurs racines puisaient une vie forte dans les terrains brûlants des premiers jours. (...)
Alors intervint l'action de la chimie naturelle ; au fond des mers, les masses végétales se firent tourbe d'abord ; puis, grâce à l'influence des gaz, et sous lefeude la fermentation, elles subirent une minéralisation complète. Ainsi se formèrent ces immenses couches de charbon qu'une consommation excessive doit, pourtant, épuiser en moins de trois siècles, si les peuples industriels n'y prennent garde. (...)
Et relevant sa gourde, il la vida tout entière entre mes lèvres. Oh ! jouissance infinie ! une gorgée d'eau vint humecter ma bouche enfeu, une seule, mais elle suffit à rappeler en moi la vie qui s'échappait. Je remerciai mon oncle en joignant les mains. (...)
La lumière des appareils, répercutée par les petites facettes de la masse rocheuse, croisait ses jets defeusous tous les angles, et je m'imaginais voyager à travers un diamant creux, dans lequel les rayons se brisaient en mille éblouissements. (...)
Je revins déjeuner avec un bel appétit. Hans s'entendait à cuisiner notre petit menu ; il avait de l'eau et dufeuà sa disposition, de sorte qu'il put varier un peu notre ordinaire. Au dessert, il nous servit quelques tasses de café, et jamais ce délicieux breuvage ne me parut plus agréable à déguster. (...)
Les voici qui s'approchent ! D'un côté le crocodile, de l'autre le serpent. Le reste du troupeau marin a disparu. Je vais fairefeu. Hans m'arrête d'un signe. Les deux monstres passent à cinquante toises du radeau, se précipitent l'un sur l'autre, et leur fureur les empêche de nous apercevoir. (...)
Les combattants se rapprochent du radeau et s'en éloignent tour à tour. Nous restons immobiles, prêts à fairefeu. Soudain l'ichthyosaurus et le plesiosaurus disparaissent en creusant un véritable maëlstrom. Le combat va-t-il se terminer dans les profondeurs de la mer ? (...)
Le vent se tait. La nature a l'air d'une morte et ne respire plus. Sur le mât, où je vois déjà poindre un légerfeuSaint-Elme, la voile détendue tombe en plis lourds. Le radeau est immobile au milieu d'une mer épaisse et sans ondulations. (...)
Aux éclats du tonnerre se mêlent les jets étincelants de la foudre ; des éclairs sans nombre s'entre-croisent au milieu des détonations ; la masse des vapeurs devient incandescente ; les grêlons qui frappent le métal de nos outils ou de nos armes se font lumineux ; les vagues soulevées semblent être autant de mamelons ignivomes sous lesquels couve unfeuintérieur, et dont chaque crête est empanachée d'une flamme. Mes yeux sont éblouis par l'intensité de la lumière, mes oreilles brisées par le fracas de la foudre ; il faut me retenir au mât, qui plie comme un roseau sous la violence de l'ouragan ! (...)
Je vois des zigzags rétrogrades qui, après un jet rapide, reviennent de bas ou haut et vont frapper la voûte de granit. Si elle allait s'écrouler ! D'autres éclairs se bifurquent ou prennent la forme de globes defeuqui éclatent comme des bombes. Le bruit général ne paraît pas s'en accroître ; il a dépassé la limite d'intensité que peut percevoir l'oreille humaine, et, quand toutes les poudrières du monde viendraient à sauter ensemble, « nous ne saurions en entendre davantage ». (...)
» Il me fait signe qu'il y consent. Sa tête n'a pas eu le temps de se relever de bas en haut qu'un disque defeuapparaît au bord du radeau. Le mât et la voile sont partis tout d'un bloc, et je les ai vus s'enlever à une prodigieuse hauteur, semblables au ptérodactyle, cet oiseau fantastique des premiers siècles. (...)
Puis tout s'éteint. J'ai eu le temps de voir mon oncle étendu sur le radeau, Hans toujours à sa barre et « crachant dufeu» sous l'influence de l'électricité qui le pénètre ! Où allons-nous ? où allons-nous ?... Mardi 25 août. (...)
la fatalité me joue de pareils tours ! s'écria-t-il. Les éléments conspirent contre moi ! L'air, lefeuet l'eau combinent leurs efforts pour s'opposer à mon passage ! Eh bien ! l'on saura ce que peut ma volonté. (...)
» Voilà ce que j'entendis, ou à peu près, et je me sentis gagné par l'enthousiasme que respiraient ces paroles. Unfeuintérieur se ranima dans ma poitrine ! J'oubliai tout, et les dangers du voyage, et les périls du retour. (...)
Le moment approchait de nous frayer par la poudre un passage à travers l'écorce de granit. Je sollicitai l'honneur de mettre lefeuà la mine. Cela fait, je devais rejoindre mes compagnons sur le radeau qui n'avait point été déchargé ; puis nous prendrions du large, afin de parer aux dangers de l'explosion, dont les effets pouvaient ne pas se concentrer à l'intérieur du massif. La mèche devait brûler pendant dix minutes, selon nos calculs, avant de porter lefeuà la chambre des poudres. J'avais donc le temps nécessaire pour regagner le radeau. Je me préparai à remplir mon rôle, non sans une certaine émotion. (...)
Après un repas rapide, mon oncle et le chasseur s'embarquèrent, tandis que je restais sur le rivage. J'étais muni d'une lanterne allumée qui devait me servir à mettre lefeuà la mèche. « Va, mon garçon, me dit mon oncle, et reviens immédiatement nous rejoindre. - Soyez tranquille, mon oncle, je ne m'amuserai point en route. (...)
Le professeur tenait son chronomètre à la main. « Es-tu prêt ? me cria-t-il. - Je suis prêt. - Eh bien !feu, mon garçon ! » Je plongeai rapidement dans la flamme la mèche, qui pétilla à son contact, et, tout en courant, je revins au rivage. (...)
Jusqu'alors les faits avaient donné raison aux théories de Davy et de Lidenbrock ; jusqu'alors des conditions particulières de roches réfractaires, d'électricité, de magnétisme avaient modifié les lois générales de la nature, en nous faisant une température modérée, car la théorie dufeucentral restait, à mes yeux, la seule vraie, la seule explicable. Allions-nous donc revenir à un milieu où ces phénomènes s'accomplissaient dans toute leur rigueur et dans lequel la chaleur réduisait les roches à un complet état de fusion ? (...)
m'écriai-je, nous sommes pris dans une éruption ! la fatalité nous a jetés sur le chemin des laves incandescentes, des roches enfeu, des eaux bouillonnantes, de toutes les matières éruptives ! nous allons être repoussés, expulsés, rejetés, vomis, lancés dans les airs avec les quartiers de rocs, les pluies de cendres et de scories, dans un tourbillon de flammes, et c'est ce qui peut nous arriver de plus heureux ! (...)
Je sentais les convulsions de la montagne qui respirait à la façon des baleines, et rejetait de temps à autre lefeuet l'air par ses énormes évents. Au-dessous, et par une pente assez roide, les nappes de matières éruptives s'étendaient à une profondeur de sept à huit cents pieds, ce qui ne donnait pas au volcan une hauteur de cent toises. (...)
Le talus du volcan offrait des pentes très raides ; nous glissions dans de véritables fondrières de cendres, évitant les ruisseaux de lave qui s'allongeaient comme des serpents defeu. Tout en descendant, je causais avec volubilité, car mon imagination était trop remplie pour ne point s'en aller en paroles. (...)
Il en eut, et, comme ses théories, appuyées sur des faits certains, contredisaient les systèmes de la science sur la question dufeucentral, il soutint par la plume et par la parole de remarquables discussions avec les savants de tous pays. (...)
- Rien de plus simple. - Explique-toi, mon garçon. - Pendant l'orage, sur la mer Lidenbrock, cette boule defeuqui aimantait le fer du radeau avait tout simplement désorienté notre boussole ! - Ah ! s'écria le professeur, en éclatant de rire, c'était donc un tour de l'électricité ? (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...