Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : sang (11), chaud(...) En ma double qualité de neveu et d'orphelin, je devins son aidepréparateur dans ses expériences. J'avouerai que je mordis avec appétit aux sciences géologiques ; j'avais dusangde minéralogiste dans les veines, et je ne m'ennuyais jamais en compagnie de mes précieux cailloux. (...)
Je me débattais donc contre une insoluble difficulté ; mon cerveau s'échauffait, mes yeux clignaient sur la feuille de papier ; les cent trente-deux lettres semblaient voltiger autour de moi, comme ces larmes d'argent qui glissent dans l'air autour de notre tête, lorsque lesangs'y est violemment porté. J'étais en proie à une sorte d'hallucination ; j'étouffais ; il me fallait de l'air. (...)
« Axel, me dit Graüben, j'ai longtemps causé avec mon tuteur. C'est un hardi savant, un homme de grand courage, et tu te souviendras que sonsangcoule dans tes veines. Il m'a raconté ses projets, ses espérances, pourquoi et comment il espère atteindre son but. (...)
les étrangers ont chez eux leurs bibliothèques, et, avant tout, il faut que nos paysans s'instruisent. Je vous le répète, l'amour de l'étude est dans lesangislandais. Aussi, en 1816, nous avons fondé une Société littéraire qui va bien ; des savants étrangers s'honorent d'en faire partie ; elle publie des livres destinés à l'éducation de nos compatriotes et rend de véritables services au pays. (...)
Par certaines journées, on gagnait une lieue et demie à deux lieues vers le centre. Descentes périlleuses, pendant lesquelles l'adresse de Hans et son merveilleuxsang-froid nous furent très utiles. Cet impassible Islandais se dévouait avec un incompréhensible sans-façon, et, grâce à lui, plus d'un mauvais pas fut franchi dont nous ne serions pas sortis seuls. (...)
Je me relevai, les bras en avant, essayant les tâtonnements les plus douloureux ; je me pris à fuir, précipitant mes pas au hasard dans cet inextricable labyrinthe, descendant toujours, courant à travers la croûte terrestre, comme un habitant des failles souterraines, appelant, criant, hurlant, bientôt meurtri aux saillies des rocs, tombant et me relevant ensanglanté, cherchant à boire cesangqui m'inondait le visage, et attendant toujours que quelque muraille imprévue vint offrir à ma tête un obstacle pour s'y briser ! (...)
Jamais solitude ne fut semblable à la mienne, jamais abandon si complet ! Après ma chute, j'avais perdu beaucoup desang. Je m'en sentais inondé ! Ah ! combien je regrettai de n'être pas mort « et que ce fût encore à faire ! (...)
Je m'élançais déjà vers la sombre galerie, quand le professeur m'arrêta, et lui, l'homme des emportements, il me conseilla la patience et lesang-froid. « Retournons d'abord vers Hans, dit-il, et ramenons le radeau à cette place. » J'obéis à cet ordre, non sans peine, et je me glissai rapidement au milieu des roches du rivage. (...)
La pensée me vint de tout dire à mon oncle, de lui montrer à quel dénûment nous étions réduits, et de faire l'exact calcul du temps qui nous restait à vivre. Mais j'eus le courage de me taire. Je voulais lui laisser tout sonsang-froid. En ce moment, la lumière de la lanterne baissa peu à peu et s'éteignit entièrement. La mèche avait brûlé jusqu'au bout. (...)
- Oui, nous montons ! nous montons ! » J'étendis le bras ; je touchai la muraille ; ma main fut mise ensang. Nous remontions avec une extrême rapidité. « La torche ! la torche ! » s'écria le professeur. Hans, non sans difficultés, parvint à l'allumer, et la flamme, se maintenant de bas en haut, malgré le mouvement ascensionnel, jeta assez de clarté pour éclairer toute la scène. (...)
Ce calcul, ou mieux cette estime, ne pouvait être que fort approximative ; mais un savant est toujours un savant, quand il parvient à conserver sonsang-froid, et certes, le professeur Lidenbrock possédait cette qualité à un degré peu ordinaire. Je l'entendais murmurer des mots de la science géologique ; je les comprenais, et je m'intéressais malgré moi à cette étude suprême. (...)
Hans fermait les yeux avec indifférence, et mon oncle regardait sans comprendre. « Quelle que soit cette montagne, dit-il enfin, il y fait un peuchaud; les explosions ne discontinuent pas, et ce ne serait vraiment pas la peine d'être sortis d'une éruption pour recevoir un morceau de roc sur la tête. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...