Extraits des Lames du Cardinal
sur Les Editions sans Détour au format (8.4 Mo)
Contient : ville (16)(...) Les exemples de ce type sont légion et, quoique honnis, les dragons sont partout dans l'imaginaire populaire de France. Lavillede Lyon, réputée pour ses foires, ses soieries et ses imprimeurs, est presque entièrement détruite en 1602 - l'Histoire attribue cette catastrophe à une violente crue de la Saône, mais lavillefut en fait la proie d'un dragon qu'on abattit près de la porte Saint-Georges. Henri IV puis Louis XIII firent preuve de grandes largesses pour que la cité devienne un centre culturel et universitaire. (...)
Richelieu, à la fois inquiet et fier de voir ce que les marchands et les rois avaient fait de Lyon, dit un jour que lavilleserait la Nouvelle Alexandrie. La nomination en 1628 du frère de Richelieu, Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, comme archevêque de Lyon marque la renaissance de la cité, la fin des grands travaux et l'inauguration des universités lyonnaises et de leurs célèbres traboules dans lesquelles se pressent de jeunes nobles avides de modernité. (...)
Si l'on est beau joueur, qu'elles rivalisent de grandeur avec le Louvre même. Si l'on a la langue fourchue, que ce grand-oeuvre d'art transalpin est unevilledans laville, une citéétat presque italienne. Toulouse la catholique est lavilledes centcouvents - lors des guerres de religion, les protestants s'amusaient à clamer qu'ils en feraient lavilledes sans-couvent. Prospère grâce à l'industrie du pastel, lettrée, elle est découpée en huit capitouls, huit quartiers qui sont chacun représentés au conseil de la cité.Villerose en raison de ses bâtiments de brique, elle attire les érudits les plus conservateurs sur les bancs de son illustre université et dans le silence de ses cloîtres - pourrais-je vous conseiller celui des Augustins ? La forteresse de Montauban est un modèle d'architecture militaire. La petite Genève, protestante et française, est assiégée par les forces royales depuis 1621 et ne s'est jamais rendue. L'église Saint-Jacques, amputée de son clocher par les quatre cents coups de canon tirés sur lavilleà la Noël 1621, est devenue l'emblème d'unevillerésistante qui, depuis des décennies, tient tête à un roi réputé pour ses conquêtes. Même un alchimiste espagnol mandaté par la Couronne n'a pu percer le mystère des défenses montalbanaises, ni la façon dont ses habitants étaient ravitaillés - car ma foi, depuis tout ce temps, ils ne peuvent pas s'être contentés des réserves entassées derrière leurs remparts. (...)
) N'ayant pu développer comme il le souhaitait sa marine de guerre, le Cardinal autorisa les armateurs de Saint-Malo à faire la course, à devenir corsaires. Corsaires, pas pirates - Semper Fidelis est la devise de laville. Les premières lettres de marque datent de 1631 et les premières malouinières - de charmants manoirs érigés dans la campagne environnant le port par les armateurs ayant fait fortune au large du Nouveau Monde de 1639. (...)
Puis, dominant une foule anonyme de maisons serrées, il aperçoit les forteresses qui veillent sur lavilledepuis le Moyen Age : le Châtelet, la tour de Nesle et la Bastille. Suivent les innombrables clochers des églises de Paris, les tours de Notre-Dame, les dômes de la Renaissance, les corps horizontaux des palais, le Louvre, les Tuileries, le Luxembourg et les remparts. (...)
La Cité, entre les deux bras de la Seine, est un amas compact de maisons étroites et de ruelles surpeuplées. LaVille, rive droite, est parsemée d'hôtels somptueux et d'édifices remarquables. Enfin l'Université, rive gauche, est un monde grouillant de collèges et d'étudiants. (...)
Quand ils passent, de rares éboueurs enlèvent le plus gros avant d'aller vider leurs tombereaux dans l'une des neuf décharges - ou « voieries » - situées à l'extérieur de laville. Les paysans des environs connaissent la valeur de la boue parisienne. Ils viennent chaque jour la récolter pour l'épandre sur leurs champs, et les Parisiens ne manquent pas de remarquer que les voieries sont de loin mieux nettoyées que la capitale. (...)
Secrètement dépêchés sur place, La Fargue, Louveciennes, Agnès, Ballardieu et Bretteville s'infiltrèrent parmi les assiégés rochelais. Leur mission était d'informer le Cardinal de Richelieu de l'état de lavilleet de mener des opérations de sabotage, voire d'assassinat. Lorsque l'Alchimiste des Ombres, un agent de la Griffe noire, arriva à la Rochelle pour aider les assiégés, les Lames reçurent l'ordre de le trouver et de s'emparer de lui. (...)
Les digues de la Rochelle cédèrent, et le royaume de France fut forcé d'entamer des négociations avec laville. Pour ne pas avoir à justifier les agissements des Lames durant le siège, le Cardinal de Richelieu dut affirmer qu'ils agissaient sans ordre. (...)L'ivoire des dents est bien plus résistant que celui des autres espèces animales. Très peu de matériaux le surpassent en robustesse, et il faut des meules lorraines spéciales pour l'affûter ou le broyer. On peut en faire une poudre très prisée par les alchimistes. Evitez de toucher la chair de dragon avec les mains découvertes, et affamez-vous plutôt que d'en goûter. Il y a quelque chose de mauvais en elle, que seuls quelques savants ont pu isoler. On m'a dit à son propos, une fois, ...