Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : mort (40), vivant (11)(...) On sait que ses divinations sont relativement efficaces, qu'il vit avec sa fille, qu'il s'agit d'un homme et qu'il vit dans la hutte en dehors du village. Tout le reste réellement n'est que rumeur. - J'ai vu la faim, j'ai vu la maladie, j'ai vu lamortet la vie. - D'accord, mais, et ma poule Jima ? Tu l'as vue ? Je veux dire, c'est ma meilleure pondeuse et je l'ai pas vue de toute la journée et. (...)
J'ai peur du Héraut, comme tout le monde. Quand il parle, sa voix est calme, détendue, distanciée, comme si lamortn'existait pas. Pour lui, c'est peut-être vrai. - Bien. Rendez-vous au Trône d'Orage. Puis il nous quitte. (...)
Je m'approche et j'entends la voix triste de Brume qui porte une balade comme une mère porte son enfantmort-né. Je m'écarte et guette l'horizon en quête de danger. Il y a trois jours de voyage avant d'arriver au trône de glace, la demeure du Seigneur des Hauts Vents. (...)
Il y a des comparaisons à ne pas faire lorsque l'on est qu'un simple mortel : Entre un roi et son Prince héritier, entre deux hommes armés, entre les dieux et les Exaltés : crime de lèse majesté, blasphème, calomnie, pour eux, c'est du pareil au même ! Et pour les humbles mortels comme nous ça finit toujours de la même façon : unemortdans d'atroces souffrances de la main de l'un ou l'autre. La bouche ouverte, Rude hésite un instant, puis cède à sa curiosité : - Et. (...)
- Les Anathèmes sont la fin du monde incarnée, et le Beau Peuple, celle de toute raison. Ils sont lamort, sous une forme ou une autre, mais tu en sais beaucoup pour un humble paysan, Pigeon Fou. » C'est Brume. (...)
« Les bêtes et les hommes vivaient en harmonie, et il n'y avait pas réellement de différence entre le chasseur et le chassé. Tout ne faisait qu'un et si lamortexistait pas, ce n'était que le lien entre une vie et la suivante, pas la fin de tout ou la non-vie affamée et implacable que nous connaissons tous. (...)
.. nous... le village... le Seigneur nous renie ! Les gardes s'avancent vers nous pour nous mettre àmort. Tout va très vite. Rude hurle pardon et se met à genou : Le garde lui tranche le cou. La lame de sa hallebarde reste coincée dans la nuque du jeune homme, et Boeuf tente de le prendre de flanc tandis que le garde tente de la dégager. (...)
Le trou dans mon épaule me lance, mais j'ai la chance de ne pas avoir été blessé aux jambes, sinon je seraismortsur place. Je me tiens à l'écart des buissons blancs et des failles. Je titube, trotte, me nourrit de baie, d'insectes, bois de l'eau de pluie. (...)
Quand j'y repense, Sillon est peut-être parmi les morts qui errent dans la plaine et qui boivent le sang des offrandes au Solstice d'hiver, Boeuf, de sonvivant, les détestait, maintenant peut-être s'étripent-ils dans le monde des morts. Je parierais sur Boeuf. (...)
Je me suis assis sur le ventre de Sillon, bloqué ses bras avec mes jambes, et d'un coup sec, j'ai planté mon couteau dans son crâne, il estmortles yeux grand ouvert. Une part de moi s'est perdue à jamais dans son regard. Tout le monde nous regardait, tout le monde était silencieux. (...)
On m'a laissé la hutte de mes parents et leurs terres. Sillon avait une toute jeune soeur de cinq ans. Aube Grise. En réparation de lamortde son frère, Je me suis engagé à l'épouser pour ces douze ans et à m'occuper de sa veuve. La mère d'Aube Grise a accepté, avant de mourir l'année suivante, une infection, aggravée par son chagrin, sans doute. (...)
J'ai épousé Aube Grise l'année où elle est devenue une femme. Elle n'avait pas assez connu son frère pour me tenir rigueur de samort. Je subvenais déjà en grande partie à ses besoins et elle vivait déjà chez moi. Le mariage et sa consommation ne furent qu'une formalité rapide. (...)
Plus tard, quand j'eu un fils, je suis devenu un ancien. Après le duel, plus personne n'a jamais adressé la parole à Caillou. Il estmortde vieillesse, seul, emporté par le froid de l'hiver suivant. Je me réveille. La douleur est là aussi, m'enlaçant comme une amante. (...)
Lentement, la nuit plonge mon corps dans l'obscurité en même temps que la plaine. Mon esprit ne tarde pas à suivre. Je suisvivant. J'aurais dû mourir. Cahots. Hennissements de cheval. Bêlements de mouton et de chèvres me parviennent, assourdis. (...)
Au vieux Shaman, décidément, le destin a été cruel avec le shaman : Sa tribu est sauve, mais il estmortet j'ignore si Mahe et Jaï vivront. La douleur mord mon esprit comme un rat enragé. Je me repose. (...)
Parfois, le vent souffle à travers la faille, et sans un bruit, de la neige en est projetée et retombe doucement. Je prends un des talismans dans le sac que j'ai volé à l'Aïnoukmortet le met autour de mon cou. Je longe l'endroit encore quelques jours, faisant le tour des bois, me nourrissant des maigres rations se trouvant dans le sac. (...)
Il faut que je m'entende respirer pour me rendre compte que je suis en vie. Je suis presque enterrévivantdans la glace qui se trouve sous la couche de neige. J'ai toujours mal au bras, ma hanche reste douloureuse lorsque je tente de la bouger mais elle répond néanmoins. (...)
Le monde se charge de me calmer en m'envoyant une tonne de neige sur le coin de la figure, m'enterrant à nouveauvivant. Je ressors, gelé, je reprends mon souffle. Je remarque le bruit du vent, pareil à une centaine de hurlements simultanés. (...)
Je crois apercevoir une lueur de reconnaissance dans son regard comme dans le mien quand soudain... ...Une fureur sans nom hurle autour de moi, les hommes meurent par dizaines, fauchés par unemortinvisible qui les désintègrent dans un scintillement de lumière. Mes mains serrées sur une épée démentiellement grande, l'armure d'orichalque pesant sur mes épaules, j'avance obstinément, la lumière se déploie autour de moi, je pousse un cri de défi et je m'élance à travers les nuées d'un bond qui défie toute raison. (...)
La lumière de son regard s'intensifie. - Un mensonge ? Distrayant, mais futile, je suis un mensongevivantmon ami, et nous sommes très doués pour nous reconnaître entre nous, crois-moi. Cela dit, j'apprécie. Je fonce les sourcils. - Un mensongevivant? - Ou une vérité imparfaite, c'est selon. Mais cela n'à pas d'importance, qu'est-ce qui t'amène ici ? (...)
- N'essaye pas de me mentir, dit-il, j'ai été enfanté à partir de perfection diplomatique, de concorde sociale, de vérité absolue et d'équilibre éternel. Ne t'ais-je pas dis que j'étais un mensongevivant? Ou peut-être te mens-tu à toi même ? Fais bien attention alors, car les mensonges sont mortels pour vous autres mortels. (...)
Intérieurement, je me maudis de lui avoir révéler ma puissance revenue. - Définitif ? - Oui, dit-il, lamortdes mortels est définitive, mais suis-moi, veux-tu ? Il sort. Je le suis. Il continue de parler et moi d'écouter sans avoir trop l'air de me sentir mal à l'aise dans mes vêtements hors de prix. (...)
» Mes mains tremblent, Lewellyn était fou, je n'avais pas vu à quel point. Je me retourne vers Aewyll... et Lewellyn est là,vivant, le sourire aux lèvres, propre comme un sou neuf, sans une égratignure, tenant, caressant lascivement et distraitement Aewyll dans ses bras. (...)
Moi et Aewyll, nous ne sommes pas autant liés à l'ordre de l'univers, c'est pour cela que je peux mourir, encore et encore et encore ! - Mais tu esmort! - Et alors ? Ici, c'est mon domaine, nous sommes au-delà des limites de l'univers, là où la destinée ne s'applique plus, dans le chaos. (...)
Cause, effet, passé, présent et futur, tout cela te conduit à devenir, à être et à rester un monstre aux yeux de tous tes semblables, à perdre ceux que tu as perdus, malgré tout tes pouvoirs, tu ne peux pas sortir du présent dans lequel tu vis, tu es pourchassé et craint dans toute la Création et l'issue unique est lamort... inéluctable, pour nous deux ! Je reste silencieux un instant. J'ai froid, et le regarder caresser le corps d'Aewyll me donne encore plus froid, me donne l'envie de le tuer. (...)
- Oui, tu as bien entendu et tu as vu, dans un endroit où l'Essence est libre, on peut échapper aux conséquences de ses actes, le passé ne signifie rien, le futur pas beaucoup plus, la linéarité brisée, on devient libre, libre de sa condition, de soi-même ! - Je ne suis pas sur de comprendre, ce que tu me décris ressemble à lamort. Nous entrons dans un autre couloir parfait de ce palais apparemment sans fin. - J'en suis conscient, mais lamortest propre à la Création, tu m'a vu mourir, et revenir à la vie, c'est la liberté la plus absolue que je puisse t'offrir. Et pour cela tu dois détruire la destinée, qui forme les barreaux de l'existence. (...)
- Je te comprends, mais sache, quoi qu'il arrive, que cela ne se fera pas d'un claquement de doigt, et nous y laisserons sans doute la vie dans la tentative, mais cela vaut mieux qu'une vie d'éternel fugitif suivie d'unemortanonyme. Je hoche la tête, puis je me rends compte que nous sommes de nouveau devant la porte de mes appartements : nous avons tournés en rond, pourtant nous n'avons pas pris un seul virage dans notre balade. (...)
et il fallait coordonner des armées aussi nombreuses que vos peuples entiers, cette guerre devait être la mise àmortgrandiose de votre monde, l'achèvement d'un drame mythique.» Des ombres formées par la lumière du soleil bleu prennent forme, la plupart multicolores et parfaites, dissolvant de leurs couleurs des nuées d'ombres simples de mortels dans un massacre de lumière. (...)
Un vent jaillit du néant se lève, et son souffle, passant a travers les murs et les dentelles de glace se transforme en hurlement, en cris de douleurs. La mise àmortdu monde.... Un frisson me parcourt. « Mais au lieu de cela, dit-il, ce ne fut pas une guerre, c'était un massacre, une boucherie sans nom et sans grâce au milieu des cadavres de ceux qui d'entre les hommes avait déjà périt d'unemortinvisible et disgracieuse. » La Contagion. Je vois des ombres s'étioler, s'éteindre seule sans que les ombres de couleurs les aient même effleuré. (...)
Le froid est polaire, je sens mes membres qui s'engourdissent, j'y envoie une coulée de pouvoir, et malgré la température, je remonte vers ce qui ressemble à la surface. Quand je l'atteints, je suis gelé maisvivant. Je m'accroche à un rocher et m'y hisse. Du coin de l'oeil, j'aperçois la Princesse Bleue sortir de l'eau, puis s'abattre sur le rocher, frigorifiée. (...)
Ils décident d'arrêter la poursuite et de ne pas pousser leur chance. Ils ont raison. Je mange le chien en premier. Un des mastiffs qui estmortdans le champ et dont j'ai emporté le cadavre. Sa viande est fraîche et je n'ai pas de sel pour la conserver. (...)
Je sais tout de toi, tu ne peux rien contre moi. Il y n'y a rien au Trône d'Orage pour toi à part lamortet ta vengeance restera lettre morte. Va t'en !» Pile ce que je ne veux pas entendre. Le messager ailé disparaît dans une explosion de flocons prismatiques. (...)
Je cours pour gagner le plus de distance possible, et j'avance d'un bon kilomètre ainsi lorsque tout à coup, le vent cesse complètement et le silence envahit la plaine comme lamort, seulement rompu par le bruit de mes pas et ma respiration. Je suis si surpris que je m'arrête. (...)
A l'affût de l'attaque suivante, j'hésite à m'endormir, le pouvoir me soutient aisément, et je sens que je pourrais marcher encore deux bonnes journées avant de m'effondrer, mais je n'ai pas encore rencontré le Seigneur des Hauts Vents en personne. J'ignore si je m'en sortiraivivant, je n'y pense pas, je me concentre sur la nuit et la journée suivante, sur les heures suivantes. (...)
La Raksha est libre, j'espère juste qu'elle n'a pas profité de sa liberté pour dévorer l'âme de gensvivantdans la plaine. Mais le cours de mes pensées est interrompu par une brusque baisse de la température. (...)
Rien ne m'y arrête, rien ne vient, même si j'entends dehors le glas qui jadis annonçait notre reniement et notre mise àmort. Il retentit, encore et encore, sur un rythme paniqué et de détresse. J'aime ça. Les murs intérieurs du Trône d'orage sont étranges : faits de pierre bleue, lisse, comme si l'endroit avait été taillé dans un seul rocher. (...)
C'est une porte de bois en chêne, épaisse de dix bon centimètre et renforcée d'une armature métallique : lorsque je libère le pouvoir à l'impact, elle explose comme du verre, projetant un millier d'échardes de bois et d'acier sur les gardes qui attendent mamortdans le couloir. L'un d'eux se tenait directement derrière la porte, l'oreille collée au bois, à l'affût, ses restes sanglants arrosent ses camarades, les autres sont projetés par l'onde de choc au sol. (...)
Au milieu de la grande salle ornementée d'inscriptions en langue ancienne, trône la statue d'un dragon de jade bleu, elle est entourée de cinq soldat armés de pied en cap, derrière eux, se tient un homme masqué, protégé d'une armure d'acier immaculée réfléchissante comme un miroir, les épaules couvertes d'une cape noire, aux longs cheveux tombant en une cascade de blancheur neigeuse dans son dos, et son regard, bleu et glacé comme lamortse fixe sur moi avant d'exploser dans une frénésie d'éclair. Enfin. Le Seigneur des Hauts Vents. (...)
Je bondis, je cours, je pare, j'encaisse, je survis, mais je n'arrive même pas à le rejoindre tandis qu'il fait pleuvoir une pluie demortsur moi et qu'il m'entraîne à travers tout l'étage. Lorsque je frappe, mes poings crispés creusent des trous dans les murs, pulvérisent des piliers, soulèvent des vagues de poussières et répandent des ondes de choc, mais le Seigneur des Hauts vents m'est aussi inaccessible que l'azur bleu du ciel. (...)
Je t'ai laissé une chance, tu aurais pu partir, mais tu n'en as fait qu'à ta tête. C'est le destin, j'imagine. Sa voix est froide, glacée. Je sue à grosses gouttes. Je sens lamorts'approcher près de moi, soulever des brises trompeuses pour m'égarer. Patience... Lamortvient bien assez tôt. - Pourquoi as-tu détruis mon village ? Pourquoi ? Je sanglote malgré moi. (...)
La douleur et le manque de sang obscurcissent ma vue et la lumière semble fluctuer, tantôt aveuglante, tantôt infime. Je vacille, me laisse tomber sur un coussin tout proche et j'attends lamort. Elle ne vient pas. La seule chose qui s'approche de moi, ce sont ces quelques silhouettes de femmes, vêtues de parures magnifiques et légères, les courtisanes du Seigneur des Hauts Vents sans doute, qui traînent une jeune femme vaguement familière. (...)
Je tente de la calmer, mais je suis trop heureux de la voir en vie, de voir que je n'ai pas juste répandu lamorttout autour de moi. - Je pensais qu'ils étaient tous morts ! Qu'aucun autre habitant du village, n'avait survécut, et tu es là ! (...)
Mais elle ne m'écoute pas, sa voix est une rivière sans fin de supplication. - Il l'avait vu ! Il avait vu que tu causerais samort. C'est pour ça qu'il a détruit le village ! Je devais lui dire que tu serais choisi par le soleil ! (...)
- Tout va bien, dis-je de ma voix la plus rassurante, c'est fini. C'est pour ça qu'il a détruit le village, il avait vu samort... Le destin... d'abord, je pense au tour de cochon qu'il nous a tous joué, mais Brume tombe à genoux, et m'assène la vérité. (...)
- Tu as de la chance, shaman. J'en ai assez de tuer, j'en ai assez du destin, des prophéties et de lamort. Je ne suis pas le prisonnier du destin, je ne lui obéis pas, je suis mon seul maître ! Mais tu as tué ma famille, notre village et tu ne vas pas t'en tirer comme ça ! (...)
tu ne pourras pas survivre là-bas, personne ne le peut ! Reste ici, avec moi, Là-bas, c'est le royaume de lamort! Des larmes coulent sur ses joues maculées de poussière. - J'essaierais quand même. Ma vie et mamortm'appartiennent. Ce sont les feux qui m'aident à forger mon destin et qui me permettent de dire que je suis un homme libre. (...)