Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : fourrure (2), noire (7)(...) Je sens le regard d'un des gardes peser sur moi et je me tais et réprime l'envie de pleurer de rage et essaie de penser à Brin et Aube. A tout ce qui dépend de moi. Je garde le poing serré sur la terrenoireet froide du domaine. Une éternité semble passer (s'écouler) dans le silence. Soudain, un glas retentit, et mon sang se fige dans mes veines. (...)
Bêlements de mouton et de chèvres me parviennent, assourdis. Je respire un air chaud empli de l'odeur du cuir, de laine et defourruredans lequel je suis emmitouflé comme dans un cocon. La douleur est là, la fièvre aussi, la plupart du temps aussi assourdies que le son, mais qui carillonnent lorsque le chariot qui me transporte tressaute sur le chemin. (...)
J'ai peur de n'avoir plus d'âme, que le bout du monde ne se trouve maintenant en moi-même. La nuit tombe. Une nuitnoire, sans lune, presque sans bruit, hormis le vent et quelques bêtes. Je me surprends à ne déjà plus les craindre. (...)
Les neiges éternelles précédant la faille, domaine du Beau Peuple, elles persistent, qu'elle que soit la température ou le climat. Je soupire. Dans la nuitnoire, j'ai probablement manqué les buissons blancs et les ai dépassés sans les voir. Je change de direction, longe la faille pour la contourner, mais sans succès. (...)
Mes bottes de tissus ont été largement usées ces derniers temps. Je garde l'oeil sur la neige sous mes pieds et autours de moi, au cas où. Cette histoire de neigenoire, que m'a un jour racontée Pigeon Fou : dans le nord lointain, il arrive parfois que de sombres nuages laissent tomber une neige sombre qui obscurcit la peau de ceux qu'elle touche, et qui laisse les corps de ces derniers calcinés sans même qu'ils aient brûlés. (...)
Ils surgissent si vite que j'ai à peine le temps de les entrevoir : Des êtres massifs, couverts d'unefourrureblanche immaculée, les yeux rouge sang, leurs bras épais se terminant par des griffes blanches acérées. (...)
Je peux sentir mes cheveux se hérisser sur tout mon corps et quand je me retourne, les fauves blanc sont partout, ici et là, sous forme de monceaux de chair calcinée et fumante et parfois même de poussièrenoire. Lewellyn m'adresse un regard hautain. - Tu aurais pu tout avoir ! Tu n'auras rien ! Une porte est (apparaît) subitement derrière lui, et il se rue vers elle pour l'ouvrir, mais sa tirade lui coûte quelques secondes cruciales. (...)
Au milieu de la grande salle ornementée d'inscriptions en langue ancienne, trône la statue d'un dragon de jade bleu, elle est entourée de cinq soldat armés de pied en cap, derrière eux, se tient un homme masqué, protégé d'une armure d'acier immaculée réfléchissante comme un miroir, les épaules couvertes d'une capenoire, aux longs cheveux tombant en une cascade de blancheur neigeuse dans son dos, et son regard, bleu et glacé comme la mort se fixe sur moi avant d'exploser dans une frénésie d'éclair. (...)
Je ne comprends pas tout de suite ce qu'elle dit, puis la vérité s'élève dans la salle comme dans mon esprit, comme une nuitnoireissue de sa bouche, recouvrant mes pensées, me plongeant dans une obscurité intérieure assourdissante. (...)