Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : temps (71)(...) Mais, pendant ce rapide passage, il avait jeté dans un coin sa canne à tête de casse-noisettes, sur la table son large chapeau à poils rebroussés, et à son neveu ces paroles retentissantes : « Axel, suis-moi ! » Je n'avais pas eu letempsde bouger que le professeur me criait déjà avec un vif accent d'impatience : « Eh bien ! tu n'es pas encore ici ? (...)
Mon oncle se précipita sur ce brimborion avec une avidité facile à comprendra. Un vieux document, enfermé depuis untempsimmémorial dans un vieux livre, ne pouvait manquer d'avoir un haut prix à ses yeux. « Qu'est-ce que cela ? » s'écria-t-il. Et, en mêmetemps, il déployait soigneusement sur sa table un morceau de parchemin long de cinq pouces, large de trois, et sur lequel s'allongeaient, en lignes transversales, des caractères de grimoire. (...)
Voilà ce qu'un vieux papier allait coûter à mon oncle. Ma foi, en qualité de neveu dévoué, je me crûs obligé de manger pour lui, en mêmetempsque pour moi. Ce que je fis en conscience. « Je n'ai jamais vu chose pareille ! disait la bonne Marthe. (...)
J'allumai ma pipe à long tuyau courbe, dont le fourneau sculpté représentait une naïade nonchalamment étendue ; puis, je m'amusai à suivre les progrès de la carbonisation, qui de ma naïade faisait peu à peu une négresse accomplie. Detempsentemps, j'écoutais si quelque pas retentissait dans l'escalier. Mais non. Où pouvait être mon oncle en ce moment ? Je me le figurais courant sous les beaux arbres de la route d'Altona, gesticulant, tirant au mur avec sa canne, d'un bras violent battant les herbes, décapitant les chardons et troublant dans leur repos les cigognes solitaires. (...)
Je saisis non seulement la feuille de papier, mais le parchemin de Saknussem ; d'une main fébrile j'allais précipiter le tout sur les charbons et anéantir ce dangereux secret, quand la porte du cabinet s'ouvrit. Mon oncle parut. V Je n'eus que letempsde replacer sur la table le malencontreux document. Le professeur Lidenbrock paraissait profondément absorbé. (...)
Or, il y avait cent trente-deux lettres dans la phrase, et ces cent trente-deux lettres donnaient un nombre de phrases différentes composé de cent trente-trois chiffres au moins, nombre presque impossible à énumérer et qui échappe à toute appréciation. J'étais rassuré sur ce moyen héroïque de résoudre le problème. Cependant letempss'écoulait ; la nuit se fit ; les bruits de la rue s'apaisèrent ; mon oncle, toujours courbé sur sa tâche, ne vit rien, pas même la bonne Marthe qui entrouvrit la porte ; il n'entendit rien, pas même la voix de cette digne servante, disant : « Monsieur soupera-t-il ce soir ? » Aussi Marthe dut-elle s'en aller sans réponse. Pour moi, après avoir résisté pendant quelquetemps, je fus pris d'un invincible sommeil, et je m'endormis sur un bout du canapé, tandis que mon oncle Lidenbrock calculait et raturait toujours. (...)
- Eh bien, je vous demanderai d'abord ce que sont ce Yocul, ce Sneffels et ce Scartaris, dont je n'ai jamais entendu parler ? - Rien n'est plus facile. J'ai précisément reçu, il y a quelquetemps, une carte de mon ami Augustus Peterman de Leipzig ; elle ne pouvait arriver plus à propos. Prends le troisième atlas dans la seconde travée de la grande bibliothèque, série Z, planche 4. (...)
Le nombre des volcans en activité à la surface du globe n'est actuellement que de trois cents environ ; mais il existe une bien plus grande quantité de volcans éteints. Or le Sneffels compte parmi ces derniers, et, depuis lestempshistoriques, il n'a eu qu'une seule éruption, celle de 1219 ; à partir de cette époque, ses rumeurs se sont apaisées peu à peu, et il n'est plus au nombre des volcans actifs. (...)
Ce savant est allé au fond du Sneffels ; il a vu l'ombre du Scartaris caresser les bords du cratère avant les calendes de juillet ; il a même entendu raconter dans les récits légendaires de sontempsque ce cratère aboutissait au centre de la terre ; mais quant à y être parvenu lui-même, quant à avoir fait le voyage et à en être revenu, s'il l'a entrepris, non, cent fois non ! (...)
Cependant je me rappelais avoir été convaincu, quoique mon enthousiasme commençât à se modérer ; mais j'aurais voulu partir immédiatement et ne pas prendre letempsde la réflexion. Oui, le courage ne m'eût pas manqué pour boucler ma valise en ce moment. Il faut pourtant l'avouer, une heure après, cette surexcitation tomba ; mes nerfs se détendirent, et des profonds abîmes de la terre je remontai à sa surface. (...)
- Non, dis-je afin de ne pas le contrarier. Seulement, je vous demanderai ce qui nous presse. - Mais letemps! letempsqui fuit avec une irréparable vitesse ! - Cependant nous ne sommes qu'au 26 mai, et jusqu'à la fin de juin... - Eh ! crois-tu donc, ignorant, qu'on se rende si facilement en Islande ? (...)
s'écria la vieille servante. - Non, dis-je enfin, plus bas ! » Le soir arriva. Je n'avais plus conscience dutempsécoulé. « A demain matin, dit mon oncle, nous partons à six heures précises. » A dix heures je tombai sur mon lit comme une masse inerte. (...)
C'était une vaste suite de plaines peu curieuses, monotones, limoneuses et assez fécondes : une campagne très favorable à l'établissement d'un railway et propice à ces lignes droites si chères aux compagnies de chemins de fer. Mais cette monotonie n'eut pas letempsde ma fatiguer, car, trois heures après notre départ, le train s'arrêtait à Kiel, à deux pas de la mer. (...)
répliquai-je. - Raison de plus, il faut s'y habituer. - Cependant... - Viens, te dis-je, ne perdons pas detemps. » Il fallut obéir. Un gardien, qui demeurait de l'autre côté de la rue, nous remit une clef, et l'ascension commença. (...)
Il ne put donc entreprendre le capitaine Bjarne sur la question du Sneffels, sur les moyens de communication, sur les facilités de transport ; il dut remettra ses explications à son arrivée et passa tout sontempsétendu dans sa cabine, dont les cloisons craquaient par les grands coups de tangage. Il faut l'avouer, il méritait un peu son sort. Le 11, nous relevâmes le cap Portland ; letemps, clair alors, permit d'apercevoir le Myrdals Yocul, qui le domine. Le cap se compose d'un gros morne à pentes roides, et planté tout seul sur la plage. (...)
- Si vous le prenez ainsi, vous avez raison ; mais enfin, après avoir descendu, il faudra remonter, j'imagine ? - Oh ! cela ne m'inquiète guère ! Voyons ! il n'y a pas detempsà perdre. Je vais me rendre à la bibliothèque. Peut-être s'y trouve-t-il quelque manuscrit de Saknussemm, et je serais bien aise de le consulter. - Alors, pendant cetemps, je vais visiter la ville. Est-ce que vous n'en ferez pas autant ? - Oh ! cela m'intéresse médiocrement. (...)
Son engagement avec mon oncle n'expirait pas à notre arrivée à Stapi ; il demeurait à son service pendant tout letempsnécessaire à nos excursions scientifiques au prix de trois rixdales par semaine.4 Seulement, il fut expressément convenu que cette somme serait comptée au guide chaque samedi soir, condition sine qua non de son engagement. (...)
Je n'eus donc pas l'occasion de comprendre un mot de ce qui se dit pendant ce dîner semi-officiel. Je remarquai seulement que mon oncle parla tout letemps. Le lendemain 15, les préparatifs furent achevés. Notre hôte fit un sensible plaisir au professeur en lui remettant une carte de l'Islande, incomparablement plus parfaite que celle d'Henderson, la carte de M. (...)
Fridriksson me lança avec son dernier adieu ce vers que Virgile semblait avoir fait pour nous, voyageurs incertains de la route : Et quacumque viam dederit fortuna sequamur. XII Nous étions partis par untempscouvert, mais fixe. Pas de fatigantes chaleurs à redouter, ni pluies désastreuses. Untempsde touristes. Le plaisir de courir à cheval à travers un pays inconnu me rendait de facile composition sur le début de l'entreprise. (...)
Le 19 juin, pendant un mille environ, un terrain de lave s'étendit sous nos pieds ; cette disposition du sol est appelée « hraun » dans le pays : la lave ridée à la surface affectait des formes de câbles tantôt allongés, tantôt roulés sur eux-mêmes ; une immense coulée descendait des montagnes voisines, volcans actuellement éteints, mais dont ces débris attestaient la violence passée. Cependant quelques fumées de source chaudes rampaient ça et là. Letempsnous manquait pour observer ces phénomènes ; il fallait marcher ; bientôt le sol marécageux reparut sous le pied de nos montures ; de petits lacs l'entrecoupaient. (...)
- Kyrkoherde, fit Hans en se retournant vers mon oncle. - Le recteur ! répéta ce dernier. Il paraît, Axel, que ce brave homme est le recteur. » Pendant cetemps, le guide mettait le « kyrkoherde » au courant de la situation ; celui-ci, suspendant son travail, poussa une sorte de cri en usage sans doute entre chevaux et maquignons, et aussitôt une grande mégère sortit de la cabane. (...)
En véritable neveu du professeur Lidenbrock et malgré mes préoccupations, j'observais avec intérêt les curiosités minéralogiques étalées dans ce vaste cabinet d'histoire naturelle ; en mêmetempsje refaisais dans mon esprit toute l'histoire géologique de l'Islande. Cette île, si curieuse, est évidemment sortie du fond des eaux à une époque relativement moderne ; peut-être même s'élève-telle encore par un mouvement insensible. (...)
Enfin, à onze heures du soir, en pleine obscurité, le sommet du Sneffels fut atteint, et, avant d'aller m'abriter à l'intérieur du cratère, j'eus letempsd'apercevoir « le soleil de minuit » au plus bas de sa carrière, projetant ses pâles rayons sur l'île endormie à mes pieds. (...)
Sur un point seulement se détachait le pic du Scartaris, qui s'enfonçait dans l'immensité. Au fond du cratère s'ouvraient trois cheminées par lesquelles, autempsdes éruptions du Sneffels, le foyer central chassait ses laves et ses vapeurs. Chacune de ces cheminées avait environ cent pieds de diamètre. (...)
Et, partageant sa stupéfaction, sinon sa joie, je lus sur la face occidentale du bloc, en caractères runiques à demi-rongés par letemps, ce nom mille fois maudit : « Arne Saknussemm ! s'écria mon oncle, douteras-tu encore ? » Je ne répondis pas, et je revins consterné à mon banc de lave. L'évidence m'écrasait. Combien detempsdemeurai-je ainsi plongé dans mes réflexions, je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est qu'en relevant la tête je vis mon oncle et Hans seuls au fond du cratère. (...)
Le lendemain le ciel fut encore couvert, mais le dimanche, 28 juin, l'antépénultième jour du mois, avec le changement de lune vint le changement detemps. Le soleil versa ses rayons à flots dans le cratère. Chaque monticule, chaque roc, chaque pierre, chaque aspérité eut part à sa bienfaisante effluve et projeta instantanément son ombre sur le sol. (...)
Comme j'avais eu soin de noter exactement nos manoeuvres de corde, je pus me rendre un compte exact de la profondeur atteinte et dutempsécoulé. Nous avions alors répété quatorze fois cette manoeuvre qui durait une demi-heure. C'était donc sept heures, plus quatorze quarts d'heure de repos ou trois heures et demie. (...)
De longs gémissements s'échappaient de mes lèvres tuméfiées. Je tombai dans un profond assoupissement. Au bout de quelquetemps, mon oncle s'approcha de moi et me souleva entre ses bras : « Pauvre enfant ! » murmura-t-il avec un véritable accent de pitié. (...)
Quand Colomb a demandé trois jours à ses équipages pour trouver les terres nouvelles, ses équipages, malades, épouvantés, ont cependant fait droit à sa demande, et il a découvert le nouveau monde. Moi, le Colomb de ces régions souterraines, je ne te demande qu'un jour encore. Si, cetempsécoulé, je n'ai pas rencontré l'eau qui nous manque, je te le jure, nous reviendrons à la surface de la terre. (...)
Mais nous n'avions pas le choix, et tant que l'on gagnait vers le centre, si peu que ce fût, il ne fallait pas se plaindre. D'ailleurs, detempsà autre, les pentes s'abaissaient ; la naïade se mettait à dégringoler en mugissant, et nous descendions plus profondément avec elle. (...)
D'ailleurs, pour associer ces idées si simples, et les réunir sous forme de raisonnement, je dus employer untempsfort long. Un doute me prit alors. Etais-je bien en avant ? Certes. Hans me suivait, précédant mon oncle. (...)
Quand je me vis ainsi en dehors de tout secours humain, incapable de rien tenter pour mon salut, je songeai aux secours du Ciel. Les souvenirs de mon enfance, ceux de ma mère que je n'avais connue qu'autempsdes baisers, revinrent à ma mémoire. Je recourus à la prière, quelque peu de droits que j'eusse d'être entendu du Dieu auquel je m'adressais si tard, et je l'implorai avec ferveur. (...)
Combien dura cet état d'insensibilité, je ne saurais le dire. Je n'avais plus aucun moyen de me rendre compte dutemps. Jamais solitude ne fut semblable à la mienne, jamais abandon si complet ! Après ma chute, j'avais perdu beaucoup de sang. (...)
Pour me faire entendre il fallait précisément parler le long de cette muraille qui servirait à conduire ma voix comme le fil de fer conduit l'électricité. Mais je n'avais pas detempsà perdre. Que mes compagnons se fussent éloignés de quelques pas et le phénomène d'acoustique eût été détruit. (...)
nos mains ne peuvent se toucher ! Mais ne te désespère pas, Axel ! C'est déjà quelque chose de s'entendre ! » Pendant cetempsj'avais réfléchi. Un certain espoir, vague encore, me revenait au coeur. Tout d'abord, une chose m'importait à connaître. (...)
Je le répéterai, et vous observerez également le moment précis auquel vous arrivera ma réponse. » « Bien, et la moitié dutempscompris entre ma demande et ta réponse indiquera celui que ma voix emploie pour arriver jusqu'à toi. (...)
» Tout en parlant, mon oncle apprêtait quelques aliments que je dévorai, malgré ses recommandations. Pendant cetemps, je l'accablai de questions auxquelles il s'empressa de répondre. J'appris alors que ma chute providentielle m'avait précisément amené à l'extrémité d'une galerie presque perpendiculaire ; comme j'étais arrivé au milieu d'un torrent de pierres, dont la moins grosse eût suffi à m'écraser, il fallait en conclure qu'une partie du massif avait glissé avec moi. (...)
- Un peu de patience, mon garçon. Une rechute nous mettrait dans l'embarras, et il ne faut pas perdre detemps, car la traversée peut être longue. - La traversée ? - Oui, repose-toi encore aujourd'hui, et nous nous embarquerons demain. (...)
- Ah ! fis-je, tout en imaginant que cette estime pouvait bien être inexacte. - Ainsi nous n'avons pas detempsà perdre, et dès demain nous prendrons la mer. » Involontairement je cherchai des yeux le navire qui devait nous transporter. (...)
La côte reste à trente lieues sous le vent. Rien à l'horizon. L'intensité de la lumière ne varie pas. Beautemps, c'est-à-dire que les nuages sont fort élevés, peu épais et baignés dans une atmosphère blanche, comme serait de l'argent en fusion. (...)
Mes yeux tout ouverts se fixent sur lui sans le voir. « Prends garde, Axel, tu vas tomber à la mer ! » En mêmetemps, je me sens saisir vigoureusement par la main de Hans. Sans lui, sous l'empire de mon rêve, je me précipitais dans les flots. (...)
Or nous avons parcouru un chemin trois fois plus long, et les rivages du sud n'apparaissent pas encore. « Nous ne descendons pas ! reprend le professeur. Tout cela est dutempsperdu, et, en somme, je ne suis pas venu si loin pour faire une partie de bateau sur un étang ! (...)
A six heures du soir, Hans réclame sa paye, et ses trois rixdales lui sont comptés. Dimanche 16 août. - Rien de nouveau. Mêmetemps. Le vent a une légère tendance à fraîchir. En me réveillant, mon premier soin est de constater l'intensité de la lumière. (...)
Le vent a fraîchi, et nous a rapidement éloignés de l'îlot Axel. Les mugissements se sont éteints peu à peu. Letemps, s'il est permis de s'exprimer ainsi, va changer avant peu. L'atmosphère se charge de vapeurs, qui emportent avec elles l'électricité formée par l'évaporation des eaux salines, les nuages s'abaissent sensiblement et prennent une teinte uniformément olivâtre ; les rayons électriques peuvent à peine percer cet opaque rideau baissé sur le théâtre où va se jouer le drame des tempêtes. (...)
Je ne veux pas croire aux menaces du ciel, et cependant je ne puis m'empêcher de dire : « Voilà du mauvaistempsqui se prépare. » Le professeur ne répond pas. Il est d'une humeur massacrante, à voir l'océan se prolonger indéfiniment devant ses yeux. (...)
Je prends le parti de lui écrire ces mots : « Amenons notre voile. » Il me fait signe qu'il y consent. Sa tête n'a pas eu letempsde se relever de bas en haut qu'un disque de feu apparaît au bord du radeau. Le mât et la voile sont partis tout d'un bloc, et je les ai vus s'enlever à une prodigieuse hauteur, semblables au ptérodactyle, cet oiseau fantastique des premiers siècles. (...)
quelle lumière intense ! le globe éclate ! nous sommes couverts par des jets de flammes ! Puis tout s'éteint. J'ai eu letempsde voir mon oncle étendu sur le radeau, Hans toujours à sa barre et « crachant du feu » sous l'influence de l'électricité qui le pénètre ! (...)
Hans prépara des aliments auxquels je ne pus toucher, et chacun de nous, épuisé par les veilles de trois nuits, tomba dans un douloureux sommeil. Le lendemain letempsétait magnifique. Le ciel et la mer s'étaient apaisés d'un commun accord. Toute trace de tempête avait disparu. (...)
Allons nous en assurer, d'ailleurs. » Nous quittâmes cette grotte ouverte à toutes les brises. J'avais un espoir qui était en mêmetempsune crainte ; il me semblait impossible que le terrible abordage du radeau n'eût pas anéanti tout ce qu'il portait. (...)
Les caisses qui les contenaient étaient alignées sur la grève dans un parfait état de conservation ; la mer les avait respectées pour la plupart, et somme toute, en biscuits, viande salée, genièvre et poissons secs, on pouvait compter encore sur quatre mois de vivres. « Quatre mois ! s'écria le professeur. Nous avons letempsd'aller et de revenir, et avec ce qui restera je veux donner un grand dîner à tous mes collègues du Johannaeum ! (...)
Cependant, il fallait admettre que cette fissure était actuellement bouchée, car toute cette caverne, ou mieux, cet immense réservoir, se fût rempli dans untempsassez court. Peut-être même cette eau, ayant eu à lutter contre des feux souterrains, s'était vaporisée en partie. (...)
» XXXVIII Pour comprendre cette évocation faite par mon oncle à ces illustres savants français, il faut savoir qu'un fait d'une haute importance en paléontologie s'était produit quelquetempsavant notre départ. Le 28 mars 1863, des terrassiers fouillant sous la direction de M. Boucher de Perthes les carrières de Moulin-Quignon, près Abbeville, dans le département de la Somme, en France, trouvèrent une mâchoire humaine à quatorze pieds au-dessous de la superficie du sol. (...)
C'était le premier fossile de cette espèce ramené à la lumière du grand jour. Près de lui se rencontrèrent des haches de pierre et des silex taillés, colorés et revêtus par letempsd'une patine uniforme. Le bruit de cette découverte fut grand, non seulement en France, mais en Angleterre et en Allemagne. (...)
Ces débris, il est vrai, n'étaient point des ossements de l'homme, mais seulement des objets de son industrie, des tibias, des fémurs d'animaux fossiles, striés régulièrement, sculptés pour ainsi dire, et qui portaient la marque d'un travail humain. Ainsi, d'un bond, l'homme remontait l'échelle destempsd'un grand nombre de siècles ; il précédait le mastodonde ; il devenait le contemporain de « l'elephas meridionalis » ; il avait cent mille ans d'existence, puisque c'est la date assignée par les géologues les plus renommés à la formation du terrain pliocène ! (...)
Puisque la nature avait fait là les frais d'une alimentation végétale, pourquoi les redoutables mammifères ne s'y rencontreraient-ils pas ? J'apercevais dans ces larges clairières que laissaient les arbres abattus et rongés par letemps, des légumineuses, des acérinés, des rubiacées, et mille arbrisseaux comestibles, chers aux ruminants de toutes les périodes. (...)
Les branches craquaient, et les feuilles arrachées par masses considérables s'engouffraient dans la vaste gueule de ces monstres. Ce rêve, où j'avais vu renaître tout ce monde destempsantéhistoriques, des époques ternaire et quaternaire, se réalisait donc enfin ! Et nous étions là, seuls, dans les entrailles du globe, à la merci de ses farouches habitants ! (...)
- Sans doute, et il n'est pas jusqu'à la tempête qui ne nous ait remis dans le droit chemin. Béni soit l'orage ! Il nous a ramenés à cette côte d'où le beautempsnous eût éloignés ! Supposez un instant que nous eussions touché de notre proue (la proue d'un radeau ! (...)
La mèche devait brûler pendant dix minutes, selon nos calculs, avant de porter le feu à la chambre des poudres. J'avais donc letempsnécessaire pour regagner le radeau. Je me préparai à remplir mon rôle, non sans une certaine émotion. (...)
A quoi bon craindre les tortures de la faim, quand la mort s'offrait déjà sous tant d'autres formes ? Mourir d'inanition, est-ce que nous en aurions letemps? Pourtant, par une inexplicable bizarrerie de l'imagination, j'oubliai le péril immédiat pour les menaces de l'avenir qui m'apparurent dans toute leur horreur. (...)
La pensée me vint de tout dire à mon oncle, de lui montrer à quel dénûment nous étions réduits, et de faire l'exact calcul dutempsqui nous restait à vivre. Mais j'eus le courage de me taire. Je voulais lui laisser tout son sang-froid. (...)
Alors, comme un enfant, je fermai les yeux pour ne pas voir toute cette obscurité. Après un laps detempsassez long, la vitesse de notre course redoubla. Je m'en aperçus à la réverbération de l'air sur mon visage. (...)
La main de mon oncle et celle de Hans, cramponnées à mes bras, me retenaient avec vigueur. Tout à coup, après untempsinappréciable, je ressentis comme un choc ; le radeau n'avait pas heurté un corps dur, mais il s'était subitement arrêté dans sa chute. (...)
» Au-dessus de notre tête, à cinq cents pieds au plus, s'ouvrait le cratère d'un volcan par lequel s'échappait, de quart d'heure en quart d'heure, avec une très forte détonation, une haute colonne de flammes, mêlée de pierres ponces, de cendres et de laves. Je sentais les convulsions de la montagne qui respirait à la façon des baleines, et rejetait detempsà autre le feu et l'air par ses énormes évents. Au-dessous, et par une pente assez roide, les nappes de matières éruptives s'étendaient à une profondeur de sept à huit cents pieds, ce qui ne donnait pas au volcan une hauteur de cent toises. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...