Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : fièvre (7)(...) Il y a trois semaines, La réserve commune du village a brûlé comme le soleil, et si nous n'étions pas fous au point de nous reposer sur elle, c'est quand même un coup dur. La plaine est brûlante, chaude et humide, comme frappée d'unefièvremalsaine. Ce printemps et cet été sont un prélude à un désastre comme nous en avons trop connu et nous le savons tous. (...)
Il ne faut pas être voyant pour savoir que cette année est mauvaise : trop de pluie, trop de chaleur. Lafièvreva faucher des vies et la famine est presque assurée mais le Seigneur des Hauts Vents ne voudra pas une part moins grande que le minimum auquel il est habitué, alors, les anciens du village tiennent conseils. (...)
Pour l'heure, je suis même surpris qu'elle ne m'ait pas rejoint. La tête me tourne, ce n'est pas lafièvre, pas encore, juste le manque de sang et l'épuisement. Il me faudra au moins quatre jours, peut-être cinq, pour revenir au village, si je ne meurs pas avant, tué par une bête, des brigands ou pire. (...)
La pluie tombait si drue qu'elle faisait mal lorsque l'on se trouvait en dessous, mais il faisait effroyablement chaud. Trempé par la sueur à l'abri, trempé par la pluie à l'extérieur. Lafièvreétait venue, recouvrant la région tel un voile invisible. Je regardais mes parents trimer, suer, puis lentement sombrer dans l'épuisement et le délire. (...)
Je respire un air chaud empli de l'odeur du cuir, de laine et de fourrure dans lequel je suis emmitouflé comme dans un cocon. La douleur est là, lafièvreaussi, la plupart du temps aussi assourdies que le son, mais qui carillonnent lorsque le chariot qui me transporte tressaute sur le chemin. (...)
Aewyll se fait toute petite, me rappelle un souvenir d'une petite fille que j'ai connu étant gosse, morte d'unefièvre. Souvenir douloureux. Je m'en veux pour la douleur que j'ai perçue dans son regard. La douleur de Mahe, que je n'ai jamais pu effacer. (...)
Aewyll marche à mes côtés usant de la démarche de Brume, me présentant chaque pièce, des bains emplis d'un lait blanc immaculé, et brûlant comme unefièvre, et qui ne fait même pas fondre les piscines de glaces qui les contiennent. - Vous devriez prendre un bain, dit-elle. (...)