Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : temps (83)(...) Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues des chairs marquées par les éléments et letemps, couverts de haillons de cuir et de tissus misérables. Un village perdu au milieu de cette terre que j'ai vue creusée par mon père avant moi et que mon fils creusera sous mes yeux et bien après. (...)
Je ne suis pas un homme sage, mais comme tous les hommes de mon âge je connais les histoires du monde ancien, l'ancien âge perdu des merveilles. Letempsd'avant la contagion, où chaque homme vivait tel un prince, où les dieux écoutaient encore les prières des hommes et où les morts reposaient en paix, où la beauté ne signifiait pas si souvent aussi la terreur. (...)
Nuage Bleu tousse et crache un halo de fumée qui lui a donné son nom. Ce dernier fume depuis qu'il a huit ans. Ces dernierstemps, il est souvent pris de toux et les remèdes contre la grippe de Regard Vif ne semblent pas faire effet. (...)
Elle se retourne et m'observe. Plante ses yeux gris dans les miens. Sa voix est calme et posée. - Je n'ai jamais eu letempsde regretter quoi que ce soit. - Moi non plus mais notre fils est différent de nous, dit-elle. (...)
Mes muscles gémissent lorsque Je la soulève puis la plaque contre le mur du fond de la pièce sans prendre detempspour la déshabiller et je la prends ainsi, suspendu entre la douleur de mon propre corps, ma fatigue et le plaisir que nous nous donnons. (...)
Parfois, au loin, on aperçoit des bois d'arbustes et de jeunes buissons. Nous restons silencieux un long moment. Au bout d'untemps, la piste s'efface, mais le chemin du Trône d'Orage nous est familier, aussi nous contentons-nous de surveiller les plantes dans l'herbe encore trempée de pluie du petit matin. (...)
Le pays du vent n'est jamais tout à fait paisible à cause du vent qui ne s'arrête jamais, qui fait onduler et bruisser les herbes. Parfois, ce n'est qu'une faible brise, mais la plupart dutemps, il hurle dans les plaines, presque sans fin, tant et si bien que certains étrangers qui s'aventurent ici deviennent parfois fous lorsqu'ils restent trop longtemps dans les environs. (...)
Le pire, le Beau Peuple, les grands ouragans et les tribus barbares, il les tient à distance, dans les failles où au delà des frontières de la nation, mais les brigands, les bêtes, ceux-là, il se contente d'envoyer ces serviteurs à leurs trousses et la plupart dutemps, cela suffit. Seulement, la limite entre voyageurs et brigands est parfois indistincte, et toutes les bêtes ne sont pas si faciles que cela à chasser, et c'est essentiellement à nous de gérer ces problèmes. (...)
De plus, les villages des environs sont pour la plupart aussi pauvres que le nôtre, et même si c'est rare, il arrive parfois qu'un village qui ne sait pas payer le tribut, aille le chercher dans la communauté voisine. Le Seigneur des Hauts Vents le sait, et la plupart dutemps, laisse faire. De fait, nous n'aimons pas nos voisins et ils nous le rendent bien. En dehors de nous-mêmes, nous n'avons pas d'amis. (...)
- Ben, à quoi ressemblait le monde ! Pigeon Fou sourit. Il s'est rendu intéressant et c'est son passe-tempsfavori. Je ne peux pas lui en vouloir d'ailleurs, lors de certaines nuits d'hivers calmes et interminables, c'est même franchement utile. (...)
- Il paraît qu'il y a des bateaux volant à Lookshy ! Intervient OEil Vert, un gosse naïf qui passe trop detempsavec ses bêtes, mais qui n'a pas son pareil une fois lâché dans la nature. - Ouais, dit Boeuf. (...)
Deux jours plus tard je me retrouve à courir comme un dément. Je lui ais dit de ne pas s'éloigner, mais Chien Enragé est trop sûr de lui. Il a passé trop detempsà parader dans le village avec sa foutue épée, à regarder les yeux des jeunes femmes de la barrière s'extasier sur ses muscles au petit matin. (...)
Une flèche venue du rempart se plante dans la poitrine de l'ancien et l'envoie rouler dans la boue en jurant. Je n'ai pas letempsde bouger, une flèche se plante dans mon épaule, je tourbillonne et tombe au sol, deux autres flèches suivent de très près. (...)
L'un d'eux est trop pressé. La terre vole vers lui, l'aveugle, et mon coutelas perfore son oeil. J'ai tout juste letempsde me retourner pour voir l'autre m'attaquer. La hallebarde file vers moi, je roule à terre et je sens la morsure de la lame dans l'air. Plus qu'une question detemps. J'ai roulé sur ma mauvaise épaule comme l'imbécile que je suis. Je grogne comme un chien enragé fatigué. (...)
Un autre lui plante le tranchant de sa hallebarde dans la colonne vertébrale. Je cours et me jette dans les bois. Ce n'est qu'une question detempsmaintenant. Je le sais. J'ai une dizaine de blessures, les plus graves sont celle de la flèche à ‘épaule et le morceau de bois qui s'est planté profondément dans mon flanc, le reste ne sont que des égratignures, mais l'infection devrait suffire à me tuer. (...)
Boeuf était déjà affaiblis, et les Exaltés sont infiniment plus résistant que les mortels, le Seigneur des Hauts Vents vivait déjà dutempsde l'arrière grand-père de mon grand-père, et on dit que leurs membres et leurs organes repoussent comme ceux des démons et des dieux, rien ne me pousse à croire que la Princesse Bleue est différente de son père. (...)
La nuit froide, et le vent, toujours le vent, qui emporte les morts et les vivants. Lentement, la nuit plonge mon corps dans l'obscurité en mêmetempsque la plaine. Mon esprit ne tarde pas à suivre. Je suis vivant. J'aurais dû mourir. Cahots. Hennissements de cheval. (...)
Je respire un air chaud empli de l'odeur du cuir, de laine et de fourrure dans lequel je suis emmitouflé comme dans un cocon. La douleur est là, la fièvre aussi, la plupart dutempsaussi assourdies que le son, mais qui carillonnent lorsque le chariot qui me transporte tressaute sur le chemin. (...)
- Je n'ai rien de tout ça, dis-je. Je sais que le sang attire et nourrit les morts au Solstice d'hiver, c'est tout. Letempsde faire la traduction et que Hakka réponde, Mahe devient pâle. - Il dit que ce n'est pas ce que pense Boeuf. (...)
Ne te met plus en danger. Apprenez à Hakka à parler ma langue. Mahe sourit. - Merci, mais nous n'avons pas letemps, dit-elle. « Je fais ceci car je sauve Jaï, mon mari, et mes enfants. Je lutte pour mon destin et un jour, je serai Shaman. (...)
Une étoile filante traverse leurs regards lorsqu'ils me reconnaissent et lèvent leurs armes. Je me rue sur eux et le monde disparaît dans une explosion de lumière. Ils ont à peine letempsd'avoir peur. Mes poings laissent des traînées de lumières derrières eux. Je frappe avec la puissance d'un ouragan. (...)
J'intercepte et dévie des flèches à main nue, deux m'atteignent, mais à chaque fois, le fleuve de pouvoir jaillit pour les intercepter comme un chien dressé, et elles ricochent ou se brisent sur ma peau. Je me tourne vers Mahe, tente de parler. - Je ne voulais... Je n'ai pas letempsde terminer. Une flèche traverse la gorge de Mahe. Ses yeux larmoyants sont grand ouverts lorsqu'elle s'effondre en arrière. (...)
Je marche prudemment. La neige est froide sous mes pieds. Mes bottes de tissus ont été largement usées ces dernierstemps. Je garde l'oeil sur la neige sous mes pieds et autours de moi, au cas où. Cette histoire de neige noire, que m'a un jour racontée Pigeon Fou : dans le nord lointain, il arrive parfois que de sombres nuages laissent tomber une neige sombre qui obscurcit la peau de ceux qu'elle touche, et qui laisse les corps de ces derniers calcinés sans même qu'ils aient brûlés. (...)
Vers le milieu du pont naturel, il est polaire, mais il n'y a pas de neige et la glace ressemble à du verre et j'y perçois mon reflet : un homme de taille moyenne, le visage couvert d'une maigre barbe, large d'épaule, aux cheveux noirs et à la peau mate, les yeux légèrement bridés. Je marque untempsd'arrêt. Il y a longtemps que je ne me suis plus vu. J'ai l'impression d'être étranger à moi-même. (...)
Sur mon front, j'aperçois un cercle entouré de rayon représentant un soleil rayonnant. Que suis-je devenu ? Pas letempsde me poser trop de question. Il fait froid, il faut que je parte d'ici. Je me mets en marche tant bien que mal. (...)
Ma gorge s'assèche, mon coeur s'accélère lorsque j'entends un grognement assourdi, puis un frottement. Soudain, la neige explose autour de moi. Ils surgissent si vite que j'ai à peine letempsde les entrevoir : Des êtres massifs, couverts d'une fourrure blanche immaculée, les yeux rouge sang, leurs bras épais se terminant par des griffes blanches acérées. (...)
Ils n'éprouvent pas la peur et la douleur les excite davantage encore. Ce n'est pas un combat, c'est une mêlée, une bagarre dépourvue de toute finesse. La plupart dutemps, je suis contraint d'uniquement me défendre. Dans un éclair, j'aperçois le taureau ailé qui suit mes mouvements dans un reflet de glace, parfois, mes gestes et ceux du taureau se confondent. (...)
», me dis-je tout en brisant un bras blanc, velu et griffu tendu vers moi. Soudain le combat marque untempsd'arrêt. Ils m'entourent. Je suis couvert de leur sang blanc et des buttes de leurs cadavres s'élèvent maintenant à ma gauche et à ma droite, mais ils sont toujours là, leurs regards rouges figés dans une extase frénétique permanente. Je prends letempsde faire le point. J'ai pris quelques coups de griffes. La plupart ont ricochés sur moi dans des gerbes d'étincelles dorées, et les autres ne m'ont laissé que quelques écorchures sans gravité. (...)
Je tends les bras vers lui pour l'étrangler et je peux sentir mes propres doigts effleurer son cou sur lequel mes mains tentent désespérément de se refermer, maintenues à quelques centimètres de sa peau de nacre. Puis letempsreprend son cours, et d'un seul bras, il me soulève comme si j'étais un jouet, le monde tournoie autour de moi et il me projette au milieu de la meute des monstres blancs. (...)
Au début. Puis la terre tremble, et son reflet dans le mur de glace sourit, se divise en deux en mêmetempsque l'immense paroi qui révèle une lumière bleuâtre aveuglante. - Bienvenue chez moi, dit-il. C'est modeste, mais sois assuré que l'endroit est confortable. (...)
- Oui, invoqué à partir de rêve de noblesse, de froid, et de jeux de neige infantile, cela parait impossible, mais pendant huit siècle, on a dutempsa tuer, crois-moi ! Nouveau rire, je ne peux m'empêcher de sourire. Nous marchons le long de l'allée centrale, toute pavée d'un sol de glace et recouverte d'un tapis de neige blanche immaculée. (...)
Un regard et un sourire malicieux, Ceux d'Aube Grise lors de notre première nuit. Je ne peux m'empêcher de sentir le sang me monter au visage en mêmetempsque des souvenirs. Elle quitte les lieux. Je tente de me baigner rapidement. Difficile. Je n'ai jamais connus un tel luxe, je me surprends à en profiter. (...)
.. - Oh si tu en es un ! Mais ce n'est qu'un titre, dit-il, une chose que l'on vous a usurpé en mêmetempsque la vie et la domination sur la Création. Tu es un Prince de la terre, un Donneur de loi, un Exalté Solaire ! (...)
- Vois tu, l'essence, n'est que l'énergie, et la Création, ce que vous appelez le monde, obéit à des règles, à un ordonnancement que l'on appelle le destin : la gravité, letemps, l'espace... Mon froncement de sourcils s'accroît. Nous sortons d'un corridor immaculé, passons au-dessus d'un pont de glace magnifique, fait de dentelle de glace qui traverse une salle de grotte emplie de stalagmites et de stalactites aiguisés comme des rasoirs, renvoyant des arcs en ciels de lumières prismatiques. (...)
- Exactement, et la folie est ce que l'on ne peut comprendre faute des repères de l'esprit habituel,temps, espace et logique. - Pourquoi me raconte-tu ça ? - Mais pour que tu comprennes ta vraie nature, mon ami ! (...)
« Je voulais te dire, Soleil Bleu, pour que tu comprenne qui est ton ennemi, et ton ennemi, c'est la destinée elle-même, et que tu dois la détruire pour libérer l'Essence. » - Et qu'est-ce que ça m'apportera ? - La fin de l'espace et dutemps, mon ami, et la chance de retrouver tout ce que tu as perdu. - Pardon ? - Oui, tu as bien entendu et tu as vu, dans un endroit où l'Essence est libre, on peut échapper aux conséquences de ses actes, le passé ne signifie rien, le futur pas beaucoup plus, la linéarité brisée, on devient libre, libre de sa condition, de soi-même ! (...)
- Pas de linéarité dans un monde libre, mon ami, rappelle toi ! Détend-toi maintenant. Tu as tout letempsde l'univers, ici. Il s'en va, son rire inhumain résonne dans les couloirs du palais de glace. Les portes se referment brutalement dans un claquement sourd. Pénombre. Je me réveille. Combien detempsais-je dormi ? Je l'ignore, mais Lewellyn est présent, je sens sa présence dans cette pièce comme je peux sentir le vent froid et libre dans la plaine. (...)
Je sais reconnaître l'odeur du mensonge lorsque j'en entends un, et j'ai reconnu l'odeur des mensonges des Sang-dragon, je me suis rendus compte qu'ils ne savaient pas vraiment pourquoi ni comment ils vous avaient vaincus pourquoi vous n'étiez pas revenu, et à ce moment j'ai compris que vous pouviez vous réincarner, que tant que le monde n'était pas brisé, vous reviendriez, et ce n'était qu'une question detemps, vous reviendriez, c'était certain et j'en parlais aux tribus de la folie qui envahissait Création. (...)
Le vent devient un hurlement de douleur sans fin, haché, pour se transformer en rire tandis que les ombres multicolores consument les ténèbres et deviennent des titans de lumières autours de la minuscule ombre blanche de Lewellyn. « Ils m'ont ri au nez ! Ils m'ont accusé de passer trop detempsen compagnie des hommes ! Leurs esprits s'effondraient sous le poids de leurs propres mesquineries ! (...)
« Le plus drôle, c'est que les nôtres s'entretuèrent, chacun tentant d'obtenir une gloire infinie qu'ils auraient pu avoir ensemble, mais leurs esprits petits et médiocres étaient désormais empoisonnés de ce monde que nous avions tenté de détruire. Nous avions tenté de le détruire autour de nous, et maintenant, nous le découvrions en nous. Letempsde réagir, l'impératrice écarlate utilisa un pouvoir sans fin pour détruire nos armées et les survivants rampèrent honteusement vers les confins du monde. (...)
La silhouette blanche de Lewellyn se découpe dans la lumière bleue s'arrête un instant avant de franchir la porte. - Prends tontemps... Soleil Bleu. La porte se ferme, me laissant dans les ténèbres, seuls avec ma peur. Le domaine de Lewellyn chante. (...)
Je hoche la tête vers la Princesse Bleue. - Elle restera là jusqu'à la fin de sa vie, c'est une illusion, mais en mêmetemps, c'est réel. D'ici deux, peut-être trois siècles, ce ne sera plus qu'une vieille Sang-dragon pourrissante. (...)
Je suis aveuglé par la lumière et la brume mais je sens une masse glaciale me foncer droit dessus. Je n'ai plus letempsd'esquiver. Je plonge vers elle. Ce que je heurte est plus solide qu'un mur de pierre, plus froid que tous mes hivers réunis. (...)
Je tends la main, elle la prend, et je sens un autre fleuve de pouvoir se ruer en moi, et venir augmenter mes forces, comme une tempête abreuvant mes poings de sa force. J'ai à peine letempsde l'observer que le serpent revient à la charge. Sa gueule se fait béante, elle me goberait d'un seul coup si le fleuve de pouvoir et du tonnerre ne m'animais pas et ne m'aidais pas à empêcher sa gueule de se fermer En un éclair, la Princesse Bleue bondit, non vole plutôt, et se pose sur la tête de la bête, son épée vient la frapper entre ses deux yeux, faisant voler des éclats d'écailles de glaces et neiges blanche. (...)
Je m'élance vers lui mais soudain, il n'est plus qu'un miroir qui semble vouloir me projeter dans mon propre reflet, comme dans une boucle démente... letempsralentit ... (verbe transitif, pas de « se », letempsralentit) Plus de limite, je forge mon propre destin... Je rugis, ma main saisit le col de Lewellyn, et le rejette vers la Princesse Bleue. (...)
Je veux lever une objection lorsque j'entends un bruit venant du plafond, une pluie cataclysmique en dégringole. La Princesse Bleue et moi levons la tête, j'ai juste letempsde comprendre que le plafond se dissous, puis nous sommes engloutis par une cataracte monumentale. (...)
Elle saisit son bras cassé, à la fois comme un trésor et comme une blessure. - Il est cassé, dis-je, il mettra dutempsà guérir... - Non, dit-elle avec le même sourire doux et puissant de la Princesse Bleue, nous sommes toujours à la limite du monde, j'ai toujours du pouvoir. (...)
Au milieu de la pluie de roche, je saute et fonce vers un autre rocher en amont qui semble dépasser de la paroi. Je calcule mal mon bond : je trouve néanmoins letempsde me retourner pour protéger Aewyll du choc une seconde avant l'impact. Je m'enfonce dans le mur de trente bons centimètres. (...)
- C'est mieux, dit-elle, on recommence ? Je souris : - On recommence. Je recommence, la faille est profonde, j'ai tout letempspour m'entraîner. Il nous faut une journée pour remonter. J'apprends à bondir avec une aisance démentielle. (...)
Elle semble tout connaître du pouvoir, mais dispense son savoir d'une façon étrange, entièrement poétique, et incapable de l'exprimer clairement. - Là ! dit-elle, sens comme la création fluctue, comment letempst'emprisonne dans l'espace et comment tu peux l'utiliser pour t'en évader. - Autrement dit ? - Trouve la voie, c'est une histoire qui n'a pas de sens, mais c'est aussi la tienne et tu as le pouvoir de lui en donner. (...)
Lorsque je me hisse sur son « balcon », j'aperçois ses dents, jolies, très blanche. - Alors, tu as mis dutempsà te mouvoir comme ça ? - Non, dit-elle. C'est le pouvoir élémentaire inscrit dans mon anima. - Ton quoi ? (...)
Son regard doux et moqueur, souvenir de petite fille espiègle de mon village disparut, rencontre le mien. - Vous en avez mit dutemps! Je souris. Savoure l'air frais et la caresse du soleil tandis que la Princesse Bleue jaillit et se pose gracieusement à mes côtés. (...)
Au lieu de ça, je grimpe sur les pentes relativement abruptes qui bordent le village et lui servent de muraille naturelle. Je grimpe en rampant, lentement, prenant montempspour éviter de faire du bruit. Ce n'est pas la première fois que j'arrive dans ce village ainsi, mais tout ce qui fonctionne une fois peut toujours faire défaut la seconde. (...)
Tassé dans un coin d'ombre, je vois du linge suspendu sur un fil entre deux maisons: des vêtements d'hommes, à peu près ma taille. Je n'hésite pas, je m'en saisis le plus silencieusement et rapidement possible. Letempsde m'habiller, les sentinelles reviennent. Je me fais tout petit. Je prie les dieux qu'ils n'aperçoivent pas que le linge a disparu, je prie pour les hommes du village : ils n'auraient aucune chance. (...)
Le pire, au fond, n'est pas tant de s'enfuir que de savoir que je pourrais raser le village à moi seul. Plus letempsde faire dans la finesse : Je prends le pain, une gourde, un gros morceau de viande salée sous mes bras, et un petit gâteau sec dans ma bouche, et me rue au dehors. (...)
Le bond suivant me conduit sur la pente de la colline que je dévale debout dans un nuage de poussière. Letempsd'arriver dans les champs, j'évite encore deux flèches mal ajustée dans l'obscurité. Je rigole presque. (...)
Ils pourraient me poursuivre longtemps, peut-être des jours, me pistant comme à la chasse, comme une bête. Il esttempsde faire un exemple. Trois chiens s'approchent à toute vitesse parmi les plants, grognant et aboyant et rugissant. (...)
Avec le chien, j'ai de quoi manger suffisamment jusqu'au Trône d'Orage, et les vêtements ne me vont pas trop mal : des vêtements de paysans, gris sombres, avec quelques lanières et quelques ceintures, uniquement ornementés de la cape bleue de la fille du Maître des Hauts Vents. Je m'improvise des bottes avec le tissu d'une cape que j'ai prise en mêmetempsque les autres vêtements, et les ceint avec les lanières de cuir. Ca ne vaut pas de vraies bottes mais c'est toujours mieux que rien, puis j'avance et me mets en route pour le Trône d'Orage à travers la steppe. (...)
Je continue obstinément, mais l'effort devient si épuisant que je décide de puiser dans le pouvoir, y cherchant la source de cette force durable et incroyable que j'y ai déjà trouvé avant. A nouveau, pour untemps, je progresse plus ou moins normalement, même si parfois les branches d'arbustes emportées atteignent une telle vitesse que certaines manquent de m'éborgner ou de se planter dans ma chair telles de véritables flèches. (...)
Je perds le sens de l'orientation, je sens la nausée qui monte mais ne vomit pas, la peur qui noue mes tripes m'en empêche. Je parviens à rester conscient, je ne sais pas combien detempsça dure, je sais juste qu'à un moment, le vent se calme, et que la chute commence. Je me concentre et relâche le pouvoir au moment de l'impact, et il arrive tard, très tard. (...)
Mon anima brille presque en permanence, mais il me reste encore des réserves de pouvoir qui se reconstitue lorsque je prends letempsde me reposer. Dans l'après-midi, je me remets en route après ma dixième chute, les nuées soufflent toujours lorsque le messager ailé réapparaît dans un éclat de lumière qui traverse le nuage de poussière qu'est devenu l'univers. « Tu es très fort, mais ce n'est pas fini. Pars tant qu'il en est encoretemps, tant que je ne me lasse pas.» « Enfin une menace un peu convaincante ! » dis-je pour moi-même. (...)
Très, très juste. Une seconde plus tard, je me retrouve loin au-dessus des nuages. Pendant ma chute, j'ai letempsd'observer le troupeau des gigantesques mastodontes de poussière qui semble tourner lentement au-dessus de la plaine des vents. (...)
Tous ses assauts ne me font pas avancer, mais je survis, et j'apprends. Je finis par comprendre que le Seigneur des Hauts Vents à besoins detempspour m'attaquer de toute sa puissance, untempsque je met a profit pour reconstituer mes réserves de pouvoir, au bout de sa troisième attaque, lors de la chute vertigineuse qui la suit immanquablement, je fini par apprendre que je peux diriger plus ou moins ma chute en m'inclinant de gauche à droite et d'avant en arrière, et je comprend qu'il ne pourra pas me vaincre par ce moyen là non plus. La nuit finit par tomber lorsque je me retrouve à une journée de marche du Trône d'Orage. (...)
Au bout de quelques instants, les premiers arbres tombent ou disparaissent, tranchés et désintégré par les grêlons. Je pense encore avoir un peu detempslorsque soudain le vent tourne, changeant l'orientation de la grêle mortelle. Je jure comme un charretier. (...)
Cela dure un bon moment : trois bonnes heures en fait, quelques rongeurs en manque d'abris prennent le risque de venir se blottir près de moi plutôt que de rester sous le déluge. Je reste calme, et même si le vacarme m'empêche de dormir dans un premiertemps, je finis par m'endormir, épuisé nerveusement. Je me réveille à moitié noyé. Les bêtes, plus malignes, ont fichu le camp depuis longtemps, mais les grêlons tombent toujours, ont brisé les premiers et les ont fait fondre d'autant plus vite. (...)
- Retourne en enfer, saleté ! dit le vieux. Ils me tirent comme un lapin. Je me redresse une fraction de seconde, juste àtempspour bloquer deux flèches d'un coup de poing, l'un des gardes est trop nerveux et tire à côté. Ils réarment en un éclair, mais letempsde ce faire, je ranime l'armure de pouvoir. La seconde volée m'atteint toute entière, mais ricoche sans me causer plus de dégâts qu'autant de piqûres de moustiques. (...)
Aucun des gardes mortels ne peut m'arrêter, ils ont déjà essayé. Peut-être un nouveau piège peut-t-il réussir, mais rien n'est moins sûr, il leur faudra dutempspour le préparer, et je suis déjà dans l'enceinte principale. Non, tout cela n'a que pour seul but de me ralentir, de m'épuiser. (...)
Deux gardes ahuris, en haubert et armés de haches m'observent avec de grands yeux. L'un d'eux ouvre la bouche, mais il n'a pas letempsde faire beaucoup plus. Le pouvoir coule dans mes veines et leur sang peu après. J'embrasse le décor d'un regard et j'ai le souffle coupé : je ne suis jamais monté sur un bâtiment d'une telle hauteur. (...)
Ils décochent quelques flèches, mais elles n'arrivent même pas jusqu'à moi : les vents dévient les traits qui s'écrasent non loin. Je grogne. Pas letempsde préparer mon entrée. Arrivé à deux mètres de la grande fenêtre du sommet, je me suspends par le bout des doigts sur un renfoncement infime dans le mur et m'élance. (...)
Je me réceptionne, un genou à terre. Je jure dans ma barbe, j'aurais voulu l'attaquer de suite au lieu de lui laisser letempsde se remettre de sa surprise. Je n'ai même pas letempsde me redresser. Ses yeux deviennent une des tigres de foudres, qui courent et bondissent sur ses avants bras tendu vers moi, se précipitant sur moi dans un craquement assourdissant. J'envoie le pouvoir dans mon corps, à la rencontre de leurs crocs et de leurs griffes. (...)
Je reste seul au milieu du carnage. Mes yeux se portent sur le Seigneur des Hauts Vents. - Et maintenant.., dis-je. Je n'ai pas letempsde terminer ma phrase, l'instant d'après, l'anima du Sang-dragon explose dans une fureur de vent polaire, de cristaux de neige glace et de lumière d'azur. (...)
J'arrive à peine sur lui qu'il me noie sous une vague d'éclairs jaillie de ses yeux. La brûlure est fulgurante, le choc violent, je suis jeté à terre. Letempsde me redresser, les dagues animées d'une vie propre fondent à nouveau sur moi. Je roule à terre pour les éviter, elles ricochent sur le sol, en direction du plafond. (...)
Je ne perçois même pas son regard terrorisé lorsque je tends la main vers elle comme un enfant. Je ris et je pleure en mêmetemps, j'en oublie la douleur et la prend dans mes bras, la serre contre moi, elle gémit de douleur et de peur : « Pitié ! (...)
J'entre prudemment. Violer le sanctuaire d'un Shaman est un tabou, mais j'en ai tellement violé depuis ces dernierstempsque je m'en rappelle uniquement lorsque je suis à l'intérieur et qu'une ombre se précipite sur moi en hurlant, brandissant une épée de fer froid. (...)
Je lui envoie un coup de genou dans le foie et le repousse violemment contre le mur garni de gravures. Il tombe, recule, tente de reprendre son souffle. Pendant cetemps, je repère dans l'abri le bouillon qui mijote. Je prends le bol, me sert et mange tandis que le Shaman récupère. (...)