Histoire de Marin : Prise d'un Convoi Espagnol
Le brouhaha de la salle enfumée de l'auberge du Rat qui Pète fait lentement place au silence le plus complet. Tous les regards se tournent vers le vieil homme, maigre et ratatiné, qui se tient debout au comptoir. Son visage rouge de chaleur est marqué par des années d'une consommation immodérée de rhum. Comme s'il ignorait être au centre de l'attention, le vieil homme sort sa corde de tabac, qu'il mord pour en retirer une chique énorme. « Sang du diable, te fais pas prier, vieux Ben. Tu la racontes ...Contient : navires (5)(...) Autour de moi, les hommes commencent à douter : « Sainte putain, qu'est ce qu'on va foutre contre au moins cinqnaviresdont un vaisseau de ligne ». « T'as les foies Gérard ? », que je lui réponds, « Tu peux toujours plonger et rentrer chez ta mère à la nage ». (...)
La peste m'emporte si ces foutus Espagnols se doutent qu'ils vont se faire attaquer par une bande de forbans. Nous allons prendre cesnaviresun par un, à la faveur de la nuit et par la ruse. Ce n'est pas une misérable cargaison à la hauteur de votre piètre courage que nous allons ramener, mais cinq galions chargés d'un butin à faire palir Roberts lui-même. (...)
Evidemment, il n'y a de blessés chez nous ni d'un côté ni de l'autre, mais pour faire plus vrai, quelques Espagnols peu coopérants sont passés par-dessus bord ou par les armes de façon spectaculaire, pour donner le change aux autresnaviresespagnols du convoi. Comme le convoi s'était assez distendu pendant la nuit, le temps qu'il rapplique, nous avons largement le temps de simuler une prise du navire pirate et de hisser les pavillons indiquant notre victoire. (...)
Les survivants restent interdits pendant une bonne minute, puis agitent un drapeau blanc. Bof, ils étaient pas méchants, et on leur a donné quartier. Les autresnaviresdu convois se rendent sans faire de chichi, si bien qu'à la fin de la journée, Ange, notre quartier maître, fait rassembler tous les matelots Espagnols sur le tillac de l'Esperanza et s'adresse à eux dans leur langue : « Nous venons de vous combattre mais nous sommes frères. (...)
Dans la nuit sombre et calme, De Vercourt, Ange, Xabi et FetNat, rejoints ensuite par Bichon et Ben, gagnent leur chaloupe, postée à quai dans le port de Basse-Terre. Ils rament vers le Pélican et les cinqnaviresEspagnols qui sont mouillés dans l'avant-port. Le clapotis paisible de l'eau contre la coque de la chaloupe n'est troublé que par les tirs de mousquet des gardes du gouverneur, vite étouffés par l'immensité de la nuit. (...)