Pour tout l'or du Bupreste
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Contient : tribus (14)Pour tout l'or du Bupreste Lorsque j'entendis parler de la vallée des douzetribuspour la première fois, nous venions de venir en aide à une bande de mercenaires pris dans les toiles d'une colonie d'araignées sociales. (...)
L' individu m'affirma que la relique qu'elle contenait me serait d'un grand secours si jamais je m'aventurais dans la vallée des douzetribus. En l'ouvrant, je fus surpris de n'y découvrir qu'un insecte desséché, de taille modeste et de couleur dorée. (...)
Une expression de surprise mêlée d'avidité teinta immédiatement leurs visages et quelques minutes plus tard, délesté de mon « trésor », j'étais en possessions de vivres, d'eau, de médicaments, et d'assez d'essence pour traverser une partie de l'Europe. Je l' ignorais encore mais nous venions de pénétrer dans la vallée des douzetribus, et le système de valeurs auquel j'étais habitué venait de brutalement disparaître. Forcés à nous établir dans la région afin de panser nos blessures et récupérer un peu du matériel perdu, nous eûmes tout le loisir de nous renseigner sur les forces en présence dans la vallée et les us et coutumes des autochtones. (...)
La région était divisée en douze territoires, chacun appartenant à une communauté plus ou moins développée. Ces communautés, les « douzetribus», n'avaient que très peu en commun en terme d'organisation, de croyances et d'aspirations (3). (...)
Les adaptés extrémistes y côtoyaient humanistes invétérés et survivalistes retors dans une périlleuse proximité. Lestribusévitaient cependant les conflits directs grâce à l'adoption d'un système économique original, basé sur la possession de spécimens d'un insecte particulier : le bupreste doré. (...)
Cette zone était apparemment tellement hostile que les expéditions les mieux armées ne pouvaient s'y aventurer sans subir de lourdes pertes. Seules lestribusambitieuses osaient tenter le coup, et ressortaient généralement trop affaiblies du procédé pour concrétiser leurs volontés d'expansion. (...)
C'est ce qui maintenait la région dans un équilibre des forces relativement stable. Bien qu'affaiblis, nous n'étions pas passés inaperçus lors de notre arrivée, et quelques-unes destribus, ayant eu vent de notre réputation, vinrent nous trouver pour nous proposer leur aide (4) à condition, bien sûr, que nous montions une expédition pour partir à la recherche de buprestes dorés sur l' île maudite. (...)
Une semaine pendant laquelle la plupart des larves que nous avions collectées périrent également ; mais d'autres se métamorphosèrent en adultes, faisant de moi l'homme le plus riche de la région...et probablement du monde, selon les critères dégénérés des douzetribus. Lestés de deux bidons percés pour déverser à débit régulier le poison dans l'eau tout au long de la traversée, j'entamai sur ma pirogue le périlleux trajet du retour. (...)
Les heures les plus lentes de ma vie s'écoulèrent avant que je n'émerge enfin du brouillard, brisé nerveusement et à bout de forces. Des mains me saisirent ; plusieurstribusétaient venues à ma rencontre et entreprenaient de me fouiller comme un vulgaire porte-monnaie. (...)
J'utilisai ma dernière amorce pour les faire reculer puis, parvenant à trouver assez d'énergie pour garder un semblant de posture ; leur réclamais mon dû. De mauvaise grâce, on me remit le matériel promis. J'ouvris alors mon sac devant les membres destribusprésentes, déversant sur le sol des dizaines d' insectes aux reflets dorés. Comme des chiens avides, ils se ruèrent à la curée, se piétinant les uns les autres pour accéder au précieux sésame. (...)
Il faudrait engager des hommes supplémentaires, récolter le matériel nécessaire, trouver des équivalents aux compétences perdues, éduquer, construire... Nous eûmes tôt fait de sortir des limites de la vallée des douzetribus. Jetant un bref coup d'oeil en arrière, je repensai à l'expédition, à ma sortie des marécages. (...)
La vallée constitue un « monde perdu » répondant à ses règles propres dans lequel les personnages ont pu s'aventurer par hasard ou sur le chemin d'un autre de leurs objectifs. Dénouer les fils des intrigues des luttes de pouvoir entretribuspeut également s'avérer l'enjeu pour un scénario plus long et complexe. (1) Le narrateur appartient au "groupe bromure", une petite troupe de survivalistes nomades spécialisés dans l'éradication de la vermine. (...)
(2) Un coléoptère phytophage de forme allongée (1 -2 cm) dont les larves se développent dans le bois des arbres. Inoffensif pour l'homme, moins pour les forêts et habitations. (3) Les communautés formant les 1 2tribuscomportent de 20 à 80 membres et sont farouchement territoriales. Certaines commercent, d'autres vivent dans l' isolement. (...)
La vallée ellemême étant difficile d'accès, la région vit dans une certaine autarcie, et on voit l'arrivée d'étrangers avec méfiance. Citons parmi lestribus: les « trempe-goudron », responsables de l'entretien des voies et sentiers dans la vallée, les « cloportes » qui vivent sous l'égide d'un chaman vénérant le crustacé du même nom, les « Lazarres » qui ont investi une ancienne gare de triage et cultivent des rêves humanistes, les « bouilleurs », producteurs de fruits et légumes sous serre organisés de façon spartiate, et le « Jama'ah », un groupe armé venu d'Afrique du nord établi dans la région depuis quinze ans. (...)Lorsque j'entendis parler de la vallée des douze tribus pour la première fois, nous venions de venir en aide à une bande de mercenaires pris dans les toiles d'une colonie d'araignées sociales. Nos gaz spéciaux avaient eu tôt fait de dissoudre les soies gluantes, évitant aux plus chanceux d'entre eux une mort douloureuse (1 ). En plus des exigences matérielles que notre assistance leur coûta, un des survivants m'offrit une petite boîte en bois blanc ornée de symboles en guise de reconnaissance ...